Le Conseil National de la Presse (CNP) a fermement condamné ce qu’il qualifie d’« acte criminel odieux » du journal français Charlie Hebdo, l’accusant de s’attaquer directement au Roi Mohammed VI.
J’avais écrit il y a quelques jours un article traitant de l’affaire des cahiers des charges d’El Khalfi. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et bien des péripéties se sont déroulées. La tournure des événements a pris des tournants drastiques.
Benkirane et son ministre de la communication ont « discuté » avec le roi à propos de ces cahiers des charges. Ils ont déclaré que la discussion était fructueuse et que le roi appuyait leur volonté de réformer les médias publics. De belles paroles. Juste après, on a entendu Benkirane affirmer que « les appels à la prière ont leur place à la mosquée et non sur les chaines télévisées », les cahiers des charges ont été ensuite confiés à une commission présidée par le ministre de l’habitat et retirés à El Khalfi – l’exception marocaine a frappé encore une fois - et les anciens cahiers ont été maintenus en vigueur. Et pour clore le spectacle, le président de la HACA ayant validé les cahiers des charges a été royalement retiré de son poste.
On est loin de la vigueur avec laquelle El Khalfi défendait ses cahiers des charges, on est bien loin de sa menace de démission. De cela, on est passé à des déclarations où il mettait de l’eau dans son vin en affirmant que les cahiers appartenaient à tous les Marocains et qu’ils comprenaient des clauses sujette à modification … Ce qui m’intrigue dans cette affaire c’est la célérité avec laquelle le ministre a délaissé sa dignité, celui qui criait avec colère que le peuple l’avait choisi pour réformer les médias publics.
Si l’on était dans un pays où les ministres avaient du courage politique et savaient garder leur dignité, El Khalfi aurait déposé sa démission. Mais au contraire, on se met à justifier l’injustifiable, à atténuer les discours et à diluer les vérités. Cette affaire était devenue pour l’opposition un régal où chaque député s’amusait à puiser dans la langue de bois pour fustiger « les dérapages du gouvernement » et sa négligence de « l’approche participative ».
Les premières séquelles d’affrontement avec les centres du pouvoir ont démontré une lâcheté inexorable de la part du gouvernement mené par le PJD. Au lieu de continuer avec le leitmotiv de « bâtir et réformer ensemble, gouvernement et monarchie », vous devriez avoir le courage de dénoncer les obstacles qui vous sont dressés au lieu de cajoler le palais et son entourage.
Le constat s’affirme pour la énième fois : les rouages du pouvoir et des centres de décisions sont biaisés. Le régent demeure le roi, avec un gouvernement composé de ses conseillers. Tandis que le gouvernement Benkirane ne constitue qu’une mascarade servant à encaisser les critiques du peuple, des épouvantails qui ne font qu’accentuer le caractère « salvateur » de la monarchie absolue. Les épouvantails deviennent adeptes de la rente et de la mascarade jusqu’à ce qu’un vent « saint » les emporte pour ramener de nouveaux pantins. Tout cela sous le couvert d’une nouvelle constitution étriquée de tous les côtés et sous les chants de « la lutte contre la corruption ».
Comment pourrait-on attendre d’un tel gouvernement, qui délaisse ses cahiers de charge d’une manière si lamentable, qui s’effrite si majestueusement et d’une manière si lâche, la résolution de problèmes si sérieux que le chômage, la crise économique et la pauvreté ? J’ai défendu El Khalfi lorsqu’il défendait sa cause et ses prérogatives, mais je ne peux que le blâmer pour cette fin misérable, la fin d’un épouvantail !
Mahdi Zahraoui
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