Melilla meurt à petit feu
Quatre mois après la réouverture des frontières de Melilla avec le Maroc, les douanes commerciales sont toujours fermées, au grand dam des commerçants de la ville autonome.
Les habitants de Melilla attendent toujours d’avoir la possibilité de transporter leurs produits achetés au Maroc dans la ville.
Eugenio Bettioui se rendait au moins deux fois par semaine au Maroc pour acheter des produits qu’il ramenait à Melilla. Mais depuis la réouverture de la frontière le 17 mai, la donne a changé. Non seulement les voyageurs doivent désormais présenter un passeport à jour avant de traverser la frontière, mais ils ne peuvent plus entrer dans la ville avec des marchandises.
Cette situation est principalement due au maintien de la fermeture de la douane commerciale de Melilla. Depuis le 8 juin, des exigences ont été fixées pour l’introduction du poisson dans la ville depuis le Maroc, dont un certificat sanitaire signé par un vétérinaire au Maroc. Le produit devra en outre être soumis à un contrôle sanitaire par les autorités espagnoles. « C’est ridicule de devoir faire tout ça pour faire entrer deux ou trois kilos de sardines ou d’anchois. Et vous ne pouvez le faire que du lundi au vendredi entre 11h et 13h. Ça n’en vaut pas la peine », déplore Bettioui.
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Il est en revanche formellement interdit d’introduire de la viande, des produits laitiers ou des œufs en Espagne. Dans la zone frontière de Beni-Ensar, les cafés et restaurants sont fermés du fait de la crise sanitaire. La zone est déserte alors qu’avant, « vous ne pouviez même pas vous promener ici », explique Eugenio, qui apprécie les pastèques marocaines « énormes » et moins chères. « Le kilo est à quatre dirhams, soit 0,38 euros. N’importe qui serait tenté de prendre entre 10 et 18 kilos, mais l’idée de traverser la frontière complique la situation », ajoute-t-il, optant finalement pour du melon et des cerises.
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Désormais, un maximum de 10 kilos de fruits et légumes est autorisé à passer, vu que le Maroc n’autorise aucun produit en provenance de Melilla depuis la réouverture de la frontière. Mustafa Aberchán, chef du CpM, a menacé la déléguée du gouvernement, Sabrina Moh, de la traduire en justice « si elle continue à réquisitionner de la nourriture à la frontière ». En réponse, la responsable a fait observer qu’elle ne fait que respecter une circulaire du ministère de la Santé, rappelant qu’entre le 17 et le 31 mai, cinq tonnes de poisson sont entrées du Maroc.
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