
Le Canada facilite l’entrée des Marocains sur son territoire
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Outre l’inefficacité administrative souvent pointée du doigt par les acteurs politiques, les décisions politiques et d’autres facteurs expliquent les longs délais en immigration, notamment pour ceux venant du Maroc. C’est ce qui ressort d’une étude sur le Canada et l’Australie.
Selon cette recherche parue dans le Journal of Immigrant&Refugee Studies, les décisions politiques peuvent être à l’origine des files d’attente monstres dans différentes catégories d’immigration, mais aussi les actions entreprises – ou l’inaction – devant ces délais qui peuvent devenir une stratégie politique, les élus ayant notamment le pouvoir de catégoriser les migrants entre ceux « qui méritent ou non » d’être priorisés, rapporte Le Devoir. Selon les explications de Mireille Paquet, professeure de science politique à l’Université Concordia et coautrice de l’étude, les délais sont de plus en plus « mobilisés » par les politiciens pour restreindre les programmes. « Dans cette logique-là, il y a une idée qui ressort selon laquelle il n’y a pas assez de ressources pour gérer toutes les demandes. Mais en fait, il y a beaucoup d’autres raisons, et c’est ce qu’on a documenté », détaille-t-elle.
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Celle qui est aussi codirectrice de l’Institut de recherche sur les migrations et la société affirme que l’État utilise souvent cet argument « d’inadéquation » entre la demande et la capacité bureaucratique pour expliquer l’attente qui s’étire, pendant que les autres éléments sont « très sous-estimés ». Elle évoque notamment les facteurs liés aux systèmes informatiques qui sont internes et invisibles. « Les ministères de l’Immigration font face aux mêmes défis par exemple que la SAAQ lors du passage au numérique », précise-t-elle.
Les arriérés de dizaines de milliers de demandes « qui se forment rapidement » peuvent avant tout se justifier également par une mauvaise élaboration des politiques. À titre illustratif, Paquet évoque le programme de réunification familiale au Canada pour les parents et les grands-parents, créé sans limites annuelles. En 2011, la file avait monté jusqu’à plus d’un million de demandes. À l’époque, le ministre de l’Immigration fédéral avertissait qu’il faudrait de 15 à 20 ans pour écouler toute cette liste. Cela donna lieu à la mise en place d’un plan d’action la même année. Seulement, ce n’est finalement en 10 ans que cet objectif a été atteint.
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Les manières de répondre – souvent politiques – à ces arriérés migratoires posent problème. La chercheuse estime qu’« on peut décider de reprioriser ou de réorienter certaines catégories en créant des programmes, comme ce fut le cas avec le visa pour les grands-parents ». Le « supervisa » pour les parents et les grands-parents temporaire et valide 10 ans a notamment contribué à réduire cette file de 2011. « C’est un exemple qui montre que ce n’est pas vrai que la seule solution est de fermer les vannes, même si ce n’est pas parfait », tranche la politologue.
Paquet et sa collègue de l’Université de Sydney, Anna K. Boucher vont poursuivre l’étude. Elles se pencheront sur l’expérience des personnes elles-mêmes. Selon Paquet, « les délais ont un effet tangible sur la santé mentale et physique, sur le sentiment d’appartenance et le désir de participer à la société. » Et d’ajouter : « Ils changent la relation entre la personne et l’État ».
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