Les chiffres de l’enquête en question sont révélateurs à plus d’un titre. On apprend ainsi que la pilule est le moyen contraceptif le plus plébiscité par les Marocaines en activité sexuelle. Des Marocaines qui font par ailleurs de moins en moins d’enfants. Ainsi, de 7 enfants par femme en 1962, le Maroc est passé à une moyenne de 2,3 enfants actuellement.
L’utilisation plus élargie de la contraception chez les personnes (hommes mais surtout femmes) en âge de procréer (pilule, stérilet, préservatif masculin et féminin, diaphragme, patch, etc.) figure parmi les principales causes de ce recul sensible de la fécondité des Marocaines. Un élargissement impulsé par la politique nationale de planning familial lancée par le gouvernement à la fin des sixties, quand seule une Marocaine sur 20 recourait à la contraception dite moderne.
Autres facteurs explicatifs dans cette chute de la fécondité des Marocaines, le recul de l’âge du mariage (de l’ordre de 27 ans pour les femmes et 30 ans pour les hommes en ville), phénomène lié lui-même à l’allongement de la durée des études et au plus grand désir d’accomplissement personnel et professionnel des femmes. Ou, pour les classes moyennes et défavorisées, à l’aggravation de la précarité socio-économique et à la hausse croissante du coût de la vie.
Quoi qu’il en soit, en terme de contraception, la pilule fait de plus en plus d’adeptes parmi les Marocaines. Non sans raison. Celles-ci s’accordent unanimement sur ses nombreux avantages. Efficace d’abord (le taux de protection, sans oubli, varie de 85 à 99% selon le type de pilule), la pilule est de plus discrète et facile à prendre. En outre, ses effets secondaires ressentis par certaines femmes (migraines, nausées, gonflement des seins, prise de poids, etc.) sont de plus en plus négligeables, voire inexistants dans certaines pilules dites de dernière génération.
Et, spécificité locale si l’on peut dire, la pilule est aussi « anti-prise de tête », sachant que la majorité des hommes font encore porter la responsabilité de la contraception à leurs compagnes et rechignent à renoncer à leur confort en utilisant les moyens mis à leur disposition (préservatif et spermicide entre autres). Encore moins lorsqu’ils sont installés dans un couple dit légitime.
Preuve s’il en faut que les Marocains, bien que plus libérés sexuellement, sont encore loin d’une parfaite équité en la matière. Plus d’un demi-siècle après sa naissance, c’est dire si la pilule a encore de beaux jours devant elle au pays du soleil couchant.
Maroc Hebdo - Mouna Izddine