Des chercheurs marocains des Universités Moulay-Ismail de Meknès et de Rabat ont développé une nouvelle méthode d’isolation des habitations. Celle-ci est écologique et surtout économique.
Quel sera le défi du nouvel ordre économique ? Celui qui répond au souci de l’innovation. C’est l’avis unanime des différents intervenants au 1er congrès mondial des lauréats MBA du réseau international de l’Ecole national des ponts et chaussées (ENPC) qui s’est tenu le week-end dernier à Marrakech.
Le problème de fond posé aux pays du sud est qu’ils demeurent de purs consommateurs d’innovation. Le défi pour ces pays, aujourd’hui, est de passer au stade de « producteurs ». « Savoir forcer le destin ». C’est finalement l’ultime message des panels animés par de brillants orateurs.
Forcer le destin, c’est aussi être avant-gardiste et créer la demande en misant sur la compétence. C’est l’objectif du projet de centre de compétence qui sera mis en place à Ifrane et qui réunit les trois universités avoisinantes (Akhawayn, Fès et Meknès). Il devra, à ce titre, jouer un grand rôle non seulement dans la recherche, mais aussi pour canaliser et attirer la diaspora et les grandes entreprises. Combiné au projet de zones offshore lancé dans le cadre du plan Emergence, ce genre d’initiative devrait combler un certain retard. D’autant plus que maintenant que le chantier des infrastructures est bien en avance, « le Maroc ambitionne de développer le secteur logistique qui recèle un potentiel énorme », relève Karim Ghellab, ministre de l’Equipement et des Transports. Ainsi, le concept de complexe de recherche et de technologie qui va être mis en place incessamment est parti d’une réflexion menée depuis deux ans par le président de l’université Akhawayn, Rachid Benmokhtar, et Abdelaziz Meziane Belfkih, conseiller auprès de SM le Roi.
L’idée de base est de créer une structure capable de faire avancer la recherche, tout en capitalisant sur les compétences des chercheurs universitaires et autres, et en s’appuyant sur des entreprises. « Une idée aussi bonne soit-elle n’a toutefois d’intérêt que si elle peut être valorisée dans le cadre d’un marché », suggère Benmokhtar. Avis partagé par un patron d’entreprise, notamment Hervé Rolland, vice-président PLM solutions d’IBM pour la zone EMEA. « Pour accroître la productivité, il faut faire preuve d’innovation et de grande capacité de réaction, mais dans un cadre lié aux opportunités commerciales et aux réductions des coûts », dit-il.
C’est ainsi que du stade de réflexion, le projet du pôle de compétence triangulaire (Ifrane, Fès, Meknès) est passé à l’idée d’une plateforme intégrée avec une boucle comprenant enseignement, recherche, développement, invention de technologies pour les entreprises et, in fine, emplois.
Quatre domaines, dans un premier temps, ont été identifiés : nanomatériau, nanotechnologie, biotechnologie, TIC et environnement et énergie. Ces choix ont été dictés par la compétence existante, l’enseignement ou encore l’environnement (la région offrant une biodiversité à valoriser). La plateforme démarrera avec 10 laboratoires et 30 chercheurs.
L’objectif est de créer un centre de transfert technologique, capable de tirer vers le haut l’existant dans le milieu des entreprises. Enfin, offrir aux futurs investisseurs et entreprises qui s’installeront au Maroc une infrastructure et une base d’essai et de recherche. En effet, les entreprises de la nouvelle économie exigent un niveau de qualification élevé parce que la productivité et la performance en dépendent. Une telle structure devient alors un argument de taille, capable de favoriser la délocalisation, comme ce fut le cas du Bangalore ou de la Silicon Valley.
Mais il s’agit de se donner les moyens de ses ambitions. « C’est fait », annonce Benmokhtar. C’est la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) qui sera en effet partenaire de ce centre de compétence triangulaire. Le budget n’est pas encore finalisé, mais l’on sait déjà qu’une structure de ce genre nécessite au moins un budget de 500 millions de DH pour démarrer.
Organisation
Le projet de la plateforme de recherche sera géré au niveau organisationnel par deux entités. De fait, une association à but non lucratif se chargera de monter le projet, tandis qu’une société anonyme, créée pour la circonstance, s’occupera du volet commercial, de la gestion des recherches et des brevets.
L’Economiste - Badra Berrissoule
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