A cet égard, le cabinet d’études de marchés IDC vient de publier un rapport sur le marché des logiciels selon lequel le marché adressable pour les entreprises de logiciels est passé de 418 MDH en 2005 à 466 MDH en 2006. Les projections permettent de supposer que la taille du marché adressable passera à 525,6 MDH en 2007 puis à près de 600 MDH en 2008. Ces chiffres prennent, toutefois, en considération aussi bien la demande des grands comptes que celle des particuliers.
Pour le premier marché, celui des professionnels, l’étude montre qu’il reste tiré vers le haut essentiellement par le segment des PME/PMI. En effet, les campagnes de sensibilisation radiophonique et par affichage ont porté leurs fruits et les entreprises se dotent de plus en plus de logiciels licenciés, c’est-à-dire non piratés. Raison pour laquelle Microsoft, qui reste leader sur le marché, table sur une croissance de 65% sur le segment des professionnels. Déjà, le géant américain cible les gros marchés. Ainsi, le gouvernement devrait représenter en 2008 un potentiel de revenus de 80,64 MDH.
Le marché B to B porteur pour les outsiders
Mais le fait que le marché soit dominé par les institutionnels n’empêche pas les petits développeurs de logiciels de rester présents sur le marché des « petites » applications. C’est le cas d’une entreprise comme Atlashore qui cible les administrations publiques et les très petites entreprises tout comme les très grandes. « C’est un marché de niches que nous ciblons. Nous estimons que pour certains marchés particuliers, il n’est pas rentable de développer un logiciel aux Etats-Unis ! » Cette entreprise active compte 14 clients, dont l’ex-Odep, le Parlement, la Cosumar, et a réalisé en 2006 un chiffre d’affaires de 4,5 MDH.
Les autres marchés porteurs sont, sans aucun doute, les télécommunications et l’audiovisuel qui, avec la banque, devraient représenter à eux seuls, en 2008, un marché potentiel de 57,68 MDH. Autre secteur porteur pour les logiciels professionnels : les grandes et moyennes surfaces et la grande distribution.
De ces chiffres, on déduit que les secteurs les plus porteurs sont de loin les secteurs les plus modernes, soumis à des contraintes de compétitivité ou disposant de gros budgets. Ainsi, les industries représenteront plus de 24 MDH de chiffre d’affaires potentiel en 2008 contre 4 MDH environ pour les autres services financiers, et l’assurance plus du double de ce dernier montant.
Le marché potentiel des particuliers, toujours en 2008, restera en revanche très faible puisque estimé à 2,08 MDH parce que tout simplement dépendant de l’équipement des ménages en internet. Rappelons à ce sujet que les connexions ont augmenté de 40% environ en 2007 et le parc des ordinateurs de 25%. Chiffres qui impactent directement l’équipement des ménages en matériel informatique et donc en logiciels.
Les seuls challengers sérieux sont les logiciels libres, vendus sans licence d’exploitation
Quant aux logiciels libres, seuls concurrents, en dehors des produits de la marque Apple, qui restent très marginaux, il s’agit de logiciels commercialisés sans licence d’exploitation. Le « business model » dans ce secteur est non pas de vendre le softwear mais la formation et le conseil pour optimiser l’utilisation de son système informatique. Cependant, là encore, le géant Microsoft est en situation de quasi monopole. Résultat : le logiciel libre a du mal à s’imposer dans le paysage marocain. Selon nos sources, les développeurs de logiciels évaluent la part de marché de l’« open source » à 20% en tenant compte du système d’exploitation d’IBM OS 400. Mais, apparemment, « la tendance va changer », prévoit Isabelle Rousselet, directrice associée de Liberty Tech qui distribue le système d’exploitation Linux Madriva. Déjà, au niveau des écoles d’ingénieurs et sur la toile, les logiciels libres ont bonne presse : il y a, manifestement, un réel développement des compétences de la main-d’œuvre concernée, et les sorties de devises sont moins importantes. De son côté, le DG de Microsoft, Bertrand Hommell, ne se considère pas en compétition avec ce type de logiciels, ce que les acteurs du logiciel libre au Maroc contestent fortement, évaluant la part de Windows à plus de 80% du marché du logiciel libre.
Alors, tout va bien dans le meilleur des mondes ? Pas vraiment ! Pour Microsoft, leader mondial sur le marché des logiciels, un problème de taille se pose : le piratage de ses produits. En effet, il suffit de faire un tour sur le marché parallèle pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène. Une étude IDC évalue le piratage à 70% environ au Maroc sur l’ensemble du marché des logiciels.
En définitive, le marché du logiciel reste largement dominé par un géant, avec d’autres entreprises qui vivotent en essayant de grappiller les miettes. Mais d’autres prestataires de services se développent dans son giron créant des opportunités pour Microsoft qui ne cesse de promouvoir l’interactivité avec ses partenaires... du moins ceux qui ont choisi son camp.
La vie éco - Noredine El Abassi