Revenant sur les élections communales du 12 septembre, Le Journal souligne les bons scores des islamistes du parti Justice et développement (PJD), malgré leur participation réduite, et les conflits internes qui ont handicapé la coalition gouvernementale du premier ministre Driss Jettou, notamment pour la conquête des mairies des grandes villes.
Or c’est dans ces grandes villes, où les islamistes du PJD ont démontré leur force, que la monarchie "a besoin d’avoir des partis qui encadrent la population", souligne l’hebdomadaire, estimant que l’Union socialiste des forces populaire (USFP), pilier du gouvernement actuel, "a perdu les élections là où il ne fallait pas les perdre".
Rappelant les négociations entre le pouvoir et les responsables du PJD, pour définir les lieux et le niveau de la participation électorale islamiste avant même le scrutin communal, Le Journal affirme que "c’est bien un renversement d’alliances majeur que vient de connaître le jeu politique marocain".
Selon le jounal, cette révision stratégique du pouvoir marocain devrait conduire à la mise sur pied d’une nouvelle coalition gouvernementale dans laquelle le PJD accepterait de participer.
Cité par l’hebdomadaire, le politologue marocain Mohamed Darif estime que "le PJD a réussi à isoler l’USFP¨. "Le parti islamiste sera prochainement appelé à participer dans un gouvernement, et pour cela, il a accepté de jouer la carte du pouvoir", assure-t-il.
Selon ce schéma, le palais tablerait désormais sur une "nouvelle carte politique" constituée de deux pôles. Le premier, conservateur, réunirait au gouvernement notamment le PJD et l’Istiqlal (nationaliste) - frère ennemi de l’USFP dans l’actuelle coalition -, le second, voué à l’opposition, rassemblerait les partis de gauche, notamment l’USFP et le Parti du Progrès et du socialisme (PPS).
L’éditorialiste du Journal évoque ce "nouveau chapitre" dans l’histoire du PJD en pronostiquant qu’il échouera à réaliser la "quadrature du cercle" : "ne pas s’aliéner le pouvoir tout en élargissant sa base populaire". Le conflit est inévitable à terme, avec le palais, car ce dernier, conclut le journal, n’a besoin que de partis "momentanément populaires".
AFP