Maroc, le mauvais élève du développement humain

13 décembre 2007 - 16h56 - Maroc - Ecrit par : L.A

La Namibie devance le Maroc en termes de développement humain. Ce n’est pas une blague, mais c’est ce qui ressort du "Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008", élaboré par le PNUD. Le document révèle un nouvel échec cuisant pour le Maroc. Nous avons encore perdu trois places dans le classement général, pour atterrir au 126e rang sur 177 pays. Le royaume se rapproche de plus en plus du groupe des pays "à faible développement humain". Quelle honte !

Le Maroc affiche des résultats médiocres au niveau de toutes les composantes de "l’indice de développement humain". Mais ce qui lui fait le plus défaut, ce sont les indicateurs de l’éducation et l’enseignement. Fin 2005, le taux d’alphabétisation des adultes était de 52 % et le niveau de scolarisation combiné (primaire, secondaire, universitaire) de 58 %. Notre pays fait moins bien que l’Ouganda, le Kenya ou même Madagascar. Si nous n’avions pas atteint une espérance de vie à la naissance de 70,4 ans et un PIB par habitant de 4 555 dollars [3 100 euros], notre classement aurait été bien pire. Toujours est-il que ces deux résultats restent bien loin de ceux de l’Algérie, de la Tunisie ou même du Gabon. Des pays comme l’Egypte ou la Syrie se rapprochent du PIB par habitant du Maroc, mais le devancent de loin dans le classement global, grâce à de bons indicateurs d’enseignement.

Au vu de ces résultats, il y a lieu de se poser des questions sur l’efficacité des stratégies de développement social, s’il y en a. Depuis 2005, tous les "projets", aussi petits qu’ils soient, initiés aux quatre coins du Maroc sont intégrés dans le cadre de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH). Mais rien de cela n’a permis l’amélioration des conditions de vie des populations les plus démunies, du moins au terme de cette même année. Il faut attendre le rapport sur le développement humain de l’année prochaine pour mesurer l’impact de cette initiative en 2006 et 2007. En tout cas, les premières enquêtes révèlent des dysfonctionnements qui plombent l’aboutissement de cette initiative.

Plusieurs opérateurs du secteur de l’enseignement révèlent une aggravation des déficits en infrastructures et en ressources humaines ainsi qu’une dégradation des conditions d’enseignement, notamment dans le monde rural. Même le roi a signalé cette insuffisance dans son dernier discours du trône. Compte tenu de ces éléments, le score du Maroc ne risque pas de s’améliorer dans le prochain rapport.

En classant le Maroc parmi les mauvais élèves en termes de développement humain, les experts du PNUD ont sûrement dû remarquer les inégalités flagrantes entre riches et pauvres. Cinquante ans après l’Indépendance, les signes de pauvreté et de précarité sont toujours aussi saillants dès que l’on quitte le centre des grandes villes marocaines. Pourtant, les organismes internationaux ne cessent de ressasser cette remarque, qui n’a pas besoin d’expertise pour être signalée. Des centaines de solutions ont été avancées pour garantir le minimum vital en termes de qualité de vie pour les plus démunis. Mais il semble que les responsables régionaux n’aient pas encore la volonté de passer à l’action. Résultat des courses : une situation humiliante qui ne peut que nuire à l’attractivité du Maroc pour les investissements étrangers.

Pendant que le Maroc recule, ses concurrents directs progressent à grands pas. Le Gabon, qui était classé juste devant nous il y a deux ans, s’est hissé à la 119e place. Dans le monde arabe, il n’y a que la Mauritanie, le Yémen et le Soudan que nous arrivons à devancer. Toujours pas de quoi pavoiser.

Par ailleurs, L’Islande et la Norvège arrivent en tête du classement du PNUD. Ce qui confirme la réputation des pays scandinaves en termes de qualité de vie. Loin derrière, on retrouve la France, classée 10e, et les Etats-Unis, à la 12e place. Les vingt derniers du classement sont tous issus de l’Afrique subsaharienne.

L’Economiste - Nouaim Sqalli

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Pauvreté - Enquête - PNUD - Développement - Alphabétisation

Ces articles devraient vous intéresser :

Hausse historique du prix du gaz au Maroc, une première en 30 ans

La bonbonne de gaz vendue au Maroc devrait voir son prix augmenter progressivement pendant trois ans, vient de révéler le Premier ministre Aziz Akhannouch.

Mohammed VI : un discours centré sur les MRE

Dans son discours à l’occasion du 49ᵉ anniversaire de la Marche verte, le roi Mohammed VI a annoncé une réforme dans le mode de gestion des affaires des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Ceci, en vue de mieux répondre aux besoins de cette communauté.

Aéronautique : le Maroc décolle et concurrence les géants européens

À l’heure où les constructeurs aéronautiques de l’Europe peinent à répondre à la demande, le Maroc travaille à devenir une plaque tournante de l’aérospatiale.

Les Marocains du monde, des compétences « sous-exploitées » par le Maroc

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent faiblement au développement du Maroc. Pourtant, leurs compétences sont nécessaires pour relever les défis économiques et socioculturels du royaume.

Un coup de pouce bienvenu pour les commerçants marocains

Suite à la directive de Bank Al-Maghrib (BAM) publiée le 25 septembre 2024, qui plafonne désormais le taux d’interchange domestique à 0,65%, le Centre monétique interbancaire (CMI) a été contraint de s’aligner.

Maroc : le roi Mohammed VI annonce des aides directes aux plus pauvres

Le Roi Mohammed VI, dans un discours prononcé à l’ouverture de la session parlementaire, a fait part de l’introduction d’un programme d’aide sociale à la fin de l’année 2023.

Les MRE : des acteurs économiques majeurs, oubliés par les institutions

Un récent rapport du Centre Al Hayat met en exergue la contribution significative des Marocains résidant à l’étranger (MRE) au développement de leur pays d’origine. Toutefois, ces derniers restent confrontés à des difficultés qui limitent leurs...

L’aéroport de Tanger fait peau neuve

Le projet de développement et d’expansion de l’aéroport Ibn Batouta, vise à contribuer au développement touristique et économique de la ville de Tanger. La commune apporte une contribution financière.

Tourisme : le Maroc affiche ses ambitions

Lentement mais sûrement, le Maroc fait un grand pas vers la concrétisation de son ambition d’accueillir 26 millions de visiteurs d’ici 2030, avec un objectif intermédiaire de 17,5 millions de touristes et la création de 200 000 emplois d’ici 2026.

Appel à lutter contre la mendicité au Maroc

Le niveau de pauvreté et de vulnérabilité n’a pas baissé au Maroc. En 2022, il est revenu à celui enregistré en 2014, selon une note du Haut-Commissariat au Plan (HCP) publiée en octobre dernier. Une situation qui contribue à la hausse de la mendicité...