Le Maroc à la conquête de l’Ouest africain

8 septembre 2007 - 01h35 - Economie - Ecrit par : L.A

« Dans certains pays, comme la Gambie, une visite de Mohammed VI prend les allures d’une ­fête nationale. Le jour de son arrivée est même férié », raconte un diplomate. Une anecdote qui en dit long sur la popularité et la respectabilité dont jouit le royaume en Afrique de l’Ouest.

Une respectabilité que le Maroc doit, d’abord, à cette implication politique au plus haut niveau. Les investissements sont dictés par des considérations politiques plutôt que par une logique économique.
Divine surprise. Ainsi, la compagnie maritime Comanav (qui, depuis deux mois, bat pavillon CMA-CGM) a investi au Sénégal après le naufrage du Joola , qui a complètement coupé la Casamance du reste du pays. « Nous savions à l’avance que l’exploitation de cette ligne ne permettait pas de gagner de l’argent. Le but était de montrer nos compétences sur le terrain pour décrocher d’autres lignes plus rentables », confie le management de la société, qui avoue que « les ordres sont venus d’en haut ».

Idem pour Royal Air Maroc, dont l’investissement au Sénégal a été dicté par la volonté de sauver les centaines d’emplois de la compagnie aérienne sénégalaise qui s’était brisé les ailes. Divine surprise : la nouvelle compagnie Air Sénégal International, dont la RAM contrôle 51 %, a décollé. Dès la fin 2005, quelque 400 000 passagers l’avaient plébiscitée. La RAM déploie actuellement ses ailes sur toute la région, et ses tarifs taillent des croupières à Air France. La RAM n’est pas encore Emirates, ni Casablanca Dubaï, mais la compagnie montre qu’une entreprise du Sud peut s’imposer sur un terrain qu’elle connaît bien face aux mastodontes occidentaux.

Les groupes privés ont pris conscience du gisement de croissance que représente la région. Managem produit de l’or et du cobalt dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest.

Les banques ont ­elles aussi pris pied dans les pays constituant l’Union économique et monétaire de l’Ouest africain (UEMOA), avec Dakar comme ­porte d’entrée. La BMCE y a implanté sa banque d’affaires et s’est rapidement imposée comme un des principaux partenaires du gouvernement sénégalais dans ses montages financiers. La banque vient récemment de se payer une participation importante (35 %) dans Bank of Africa, très active dans la région. Sa concurrente Attijariwafa Bank a aussi créé une filiale au Sénégal. D’autres secteurs, comme les BTP, les nouvelles technologies ou l’industrie pharmaceutique, ne sont pas en reste.

Cette déferlante marocaine en Afrique de l’Ouest - et particulièrement au Sénégal - ne fait pas que des heureux. Le club des investisseurs français dans ce pays, réunissant une centaine d’entreprises, a même publiquement déclaré sa lassitude de voir les entreprises marocaines lui damer le pion.

Saga

Certains groupes français ont d’ailleurs su exploiter leurs filiales marocaines pour décrocher des opportunités sur le marché africain. Vivendi préfère ainsi envoyer, Maroc Telecom, affronter les géants du secteur dans des opérations de privatisation ou d’octroi de nouvelles licences. Une stratégie qui s’est révélée payante : Maroc Telecom a décroché le rachat de Mauritel en Mauritanie et d’Onatel au Burkina Faso. Et elle est donnée favorite dans l’appel d’offres en cours pour une licence au Sénégal. La saga marocaine en Afrique ne fait que commencer.

TelQuel - Fahd Iraqi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Royal Air Maroc (RAM) - Investissement - Implantation - Comanav - Gambie

Ces articles devraient vous intéresser :

Royal Air Maroc quadruple sa flotte d’avions

En prévision de la Coupe du monde 2030, le gouvernement marocain a signé en 2023 un contrat-programme avec Royal Air Maroc afin de quadrupler sa flotte actuelle, de 50 à 200 avions d’ici 2035. Grâce à ce partenariat, la compagnie aérienne a déjà acquis...

Saupiquet : adieu la France, bonjour le Maroc ?

L’usine Saupiquet de Quimper, dernière conserverie de poisson de la région, fermera définitivement ses portes le vendredi 20 décembre. Elle pourrait retrouver une nouvelle jeunesse au Maroc.

Du changement pour Royal Air Maroc

Le Maroc est passé ce dimanche à 3h du matin à l’heure légale GMT. Ce changement d’heure aura un impact sur les vols de la compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM).

Royal Air Maroc : des passagers privés de leurs vols

La compagnie aérienne Royal Air Maroc (RAM) a été critiquée par un député pour le non-respect de certains de ses passagers et des horaires de vols.

Hakim Ziyech investit à Marrakech

Hakim Ziyech envisage de réaliser un investissement important au Maroc. L’international marocain prévoirait d’ouvrir un restaurant de luxe à Marrakech.

Royal Air Maroc se dote d’une flotte XXL pour le Mondial 2030

Royal Air Maroc (RAM) s’active pour renforcer sa flotte d’avions avant la Coupe du monde 2030 que le Maroc organise conjointement avec l’Espagne et le Portugal. Objectif, disposer de 130 avions pour contribuer à la réussite de cet événement.

Le Palace de La Mamounia change de mains

Le géant mondial du phosphate, OCP, est devenu l’actionnaire majoritaire de l’hôtel La Mamounia à la suite de la cession par l’État de sa part dans l’établissement. Cette opération s’inscrit dans le cadre de la politique de désinvestissement des actifs...

De nouveaux avions pour Royal Air Maroc

Invité sur l’émission « Grand invité de l’économie » de RFI et Jeune Afrique, Abdelhamid Addou, PDG de Royal Air Maroc, a passé en revue les sujets brûlants de l’heure qui touchent à la vie et à la survie de la compagnie aérienne marocaine.

Le surbooking de Royal Air Maroc dénoncé

La compagnie aérienne Royal Air Maroc (RAM) est de nouveau au cœur d’une polémique. Cette fois-ci, c’est l’actrice marocaine Sahar Seddiki qui monte au créneau. Victime de surbooking sur un vol pour Oujda, elle a décidé de partager son indignation sur...

Le Maroc séduit les investisseurs étrangers

Le Maroc attire plus que jamais les investissements étrangers. En témoigne le dernier rapport publié par l’Office des Changes.