Au Maroc, un agent immobilier se retrouve malgré lui au cœur d’une polémique après avoir publié une annonce de vente d’une école privée en incluant les élèves.
Le saviez-vous ? Près de 10 millions de Marocains sont encore aujourd’hui analphabètes, plus d’un million d’enfants de 8 à 15 ans ne sont pas scolarisés et 225.000 enfants abandonnent l’école chaque année. Aie !!!
L’analphabétisme touche 38,5 % de la population âgée de plus de 10 ans, selon les statistiques publiées en mai 2007 par le secrétariat d’Etat chargé de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle. Derrière ces chiffres, qui donnent le vertige, on entrevoit aussi l’énorme disparité entre le milieu rural (60%) et le milieu urbain (30%), ainsi qu’entre les femmes (55%) et les hommes (31%).
C’est pour aider à lutter contre ce terrible fléau, dont les conséquences économiques sont pour le moins incalculables, que la Fondation Zakoura éducation (à ne pas confondre avec la Fondation Zakoura « microcrédit »), inscrit son action. Jeudi 26 juillet sonnait l’heure de la présentation du bilan de l’année 2006.
Depuis 1997 ce sont près de 320 écoles d’éducation non formelle qui ont été créées. Plus de 17.000 enfants de 8 à 16 ans y ont suivi le cycle du primaire, sur une durée de 39 mois. En décembre 2006, 71 écoles étaient opérationnelles et 9 autres en cours de démarrage. Près de 97 % d’entre elles se situent en milieu rural. 17 nouvelles écoles ont ouvert en 2006, dont 9 à Doukkala, 7 à Tétouan et 1 à Larache. Le taux global de déperdition de ces enfants, c’est-à-dire l’absentéisme, en 2006, est de 6,76 %. Les principales raisons invoquées sont : le travail (32%), le refus personnel de l’élève (19%), l’immigration (14%) et… le mariage (7%). Pour la bonne nouvelle, en 2006, 80 % des 1.080 élèves inscrits ont réussi l’examen d’entrée au collège, et 100 % des élèves ayant passé les examens de 3e, 4e, et 5e année les ont réussi.
Côté programme d’alphabétisation, c’est aussi en nette progression. Après 6 années d’expériences et 73.000 bénéficiaires (dont 99 % de femmes), les résultats sont encourageants. Pas moins de 3 cours par semaine, de 2 heures chacun, sont donnés à des jeunes femmes de 16 à 35 ans. Au total, ce sont 300 heures de cours qu’elles suivent durant toute une année.
Un journal mensuel en arabe dialectal (tiré à 40.000 exemplaires et vendu à 1 DH) est même mis à leur disposition pour leur permettre de consolider leurs acquis par la pratique régulière de la lecture. Un autre serait bientôt disponible pour les enfants, selon Mounia Benchekroun, directrice générale de la Fondation Zakoura éducation.
Quant à l’insertion professionnelle, pour les garçons et filles de 15 à 25 ans, ces ateliers sont plus que demandés, surtout dans les régions rurales. Coupe et couture, plomberie, menuiserie, électricité, et ferronnerie sont enseignées à des groupes de 15 apprenants, pendant 2 à 4 mois. Au total, ce sont près de 6.000 jeunes qui ont été formé, dont 500 en 2006.
Capitaliser les acquis
Des programmes d’alphabétisation pour les employés en entreprise sont également mis en place depuis 2001. Plus de 1.800 personnes en ont bénéficié, au sein de 14 établissements. L’enseignement est bilingue (arabe/français). Le taux de déperdition est de 12% (le plus fort de toutes les activités), principalement en raison de la reprise du travail. Au total, ce sont donc 9.000 personnes qui ont été touchées par les différents programmes de la Fondation . Programmes déployés sur les 157 sites répartis sur tout le Maroc.
Depuis l’année dernière, de nouveaux programmes sont proposés. Un renforcement des capacités des ONG, dans les domaines de la gestion administrative et financière, la gestion des conflits, ou encore l’ingénierie des projets, est ainsi offert. Ce sont près de 114 douars qui sont concernés, par le biais de deux nouveaux projets : Post DID avec la Fondation Mohammed V pour la solidarité, et le projet droits humains créé en partenariat avec l’Union européenne.
Des recueils de contes réalisés par des femmes en cours d’alphabétisation, et illustrés par les enfants suivant les cours de l’école non formelle sont aussi prévus. Un partenariat avec le secrétariat d’Etat à l’alphabétisation a été signé en mai 2007, à ce sujet.
Des programmes d’alphabétisation et de postalphabétisation sont également fournis. Au menu notamment, la conscientisation des femmes fondée sur la Moudawana.
Enfin, le projet immigration, en partenariat avec MLAL et financé par l’Union européenne, vise à sensibiliser les jeunes de la région sur les risques de l’immigration clandestine, promouvoir les circuits légaux de la migration, ainsi que favoriser la recherche d’alternatives à l’immigration par le développement local. Ce seront 25 médiathèques qui verront le jour, à travers ce projet. L’ensemble des activités pour 2006 est réalisé grâce à des subventions, nationales (43 %) et internationales (57 %), publiques (16%) et privées (84%). Près de 5,5 millions de DH sont réservés au budget de fonctionnement, et un demi-million de DH est octroyé à l’investissement.
L’Economiste - Alexis Bensaad
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