Abdelmadjid Ariouat, Algérien et imam bénévole à la mosquée de Saint-Priest, est l’un des bénéficiaires de ces formations. Il suit ses cours à l’Institut français de civilisation musulmane (IFCM), un centre qui renforce les capacités des cadres religieux sur le droit français, les autres religions et la laïcité. « Cette année, on a décidé de participer à cette formation parce que la laïcité, il faut la comprendre pour l’expliquer […], il est temps que l’on donne la bonne explication à la majorité des gens qui posent des questions », déclare-t-il.
« Les imams ont à faire face à des questionnements complexes de la part de leurs fidèles, jeunes pour la plupart, qui sont passés par l’école de la République… Un imam doit avoir des réponses à proposer à ces questions et il ne peut pas se contenter des recettes apprises en faculté de théologie et qui ne sont pas connectées avec les besoins et attentes des citoyens français de confession « musulmane », explique Bruno Abd-al-Haqq Guiderdoni, un enseignant à l’IFCM, justifiant la pertinence de ces enseignements de deux ans.
Pour Kamel Kabtane, président du Conseil des mosquées du Rhône, il est important « aujourd’hui de former les imams pour l’avenir » car, insiste-t-il, la formation des imams en France vise à se prémunir d’une instrumentalisation de l’Islam à des fins politiques. L’objectif à terme, c’est de former d’ici 2024, tous les imams de France (2 000 dont 300 étrangers originaires du Maroc, de la Turquie et de l’Algérie).
Par ailleurs, la question du financement de ces formations pose problème. Alors que les imams venus de l’étranger sont rémunérés par leur pays de provenance, ceux de France ne perçoivent rien, déplore Mohamed Miloudi, président de l’association culturelle de la mosquée Saint-Priest. Dans le même sens, le président du conseil théologique des imams du Rhône soutient que « les mosquées et notamment les petites mosquées, n’ont pas la capacité financière de prendre en charge les imams ».