Lancé en 2001, ce plan ambitieux a pour objectif de quadrupler le nombre de touristes visitant le royaume pour le porter à dix millions et de pratiquement tripler le nombre de lits pour le porter à 230.000 en 2010, via dix milliards d’euros d’investissements.
"Nous voulons figurer parmi les 20 premières destinations mondiales en 2010 (...). 2004 a été une année de percée après une période 2001-2003 difficile. L’heure est maintenant à l’accélération du rythme de réalisation de Vision 2010", a déclaré le ministre du Tourisme Adil Douiri lors de la convention.
Le tourisme est le deuxième ressource du pays en matière de devises étrangères, après les sommes envoyées par les expatriés à leur famille restées au pays. Il a rapporté l’an dernier 34 milliards de dirhams (4 milliards de dollars), soit 10% de plus qu’en 2003, grâce notamment à une offensive sur les prix des professionnels du secteur et à des partenariats avec plusieurs voyagistes européens.
Cinq millions et demi de touristes se sont rendus au Maroc, soit 16% de plus qu’en 2003, tandis que le nombre de nuitées augmentait de 18% pour atteindre 13,5 millions, a précisé Jalil Ben Abbes Taarji, le responsable de la Fédération du tourisme.
Certains participants à la convention ont critiqué la stratégie du gouvernement, en estimant qu’il fallait plutôt viser les recettes plutôt que le nombre de visiteurs, tandis que plusieurs professionnels du secteur que le politique de prix n’était pas facile à suivre. Ils ont demandé en compensation une réduction des prix de l’énergie.
MISE EN CHANTIER DE 50 NOUVEAUX HOTELS CHAQUE ANNEE
Malgré un début difficile après les attentats du 11 septembre 2001 contre New York et Washington et ceux de Casablanca en 2003, le plan a toutefois permis de créer 28.000 lits depuis son lancement.
Inconvénient : cela a suscité une baisse du taux d’occupation des hôtels, tombé de 52% en 2003 à 43% en 2004, mais la construction d’hôtels va se poursuivre, a souligné le ministre.
"Nous allons à partir de cette année et pendant une durée de trois ans, construire 50 nouveaux hôtels chaque année au lieu de 25 à 30 actuellement (...) pour un coût annuel de 4 milliards de dirhams", a déclaré le ministre en ajoutant que de nouvelles mesures permettraient de remédier aux difficultés relatives au financement.
Ainsi, les compagnies d’assurances vont-elles être autorisées à construire des hôtels et à prendre des participations dans des sociétés de tourisme, a déclaré Zouhair Chorfi, responsable du département du trésor au ministère des finances.
La principale banque privée du pays, Attijariwafa, va lancer lundi un fond de deux milliards de dirhams principalement destiné à financer des projets hôteliers. La première banque du Maroc, Banque Populaire, a promis un engagement similaire à partir de lundi sans en révéler les détails.
Par ailleurs, six nouvelles stations balnéaires d’une capacité de 130.000 lits, seront officiellement lancées fuin 2006. Quatre de ses sites ont déjà été attribués à des opérateurs internationaux, notamment à l’espagnol Fadesa et au sud-africain Kerzner. Deux restent à attribuer.
Vision 2010 vise la création de 1,2 million d’emplois, ce qui correspond en gros au nombre actuel de chômeurs recensés au Maroc.
Souhail Karam - Libération