Au Maroc, certains présidents de commune, candidats à leur succession à l’occasion de la session d’octobre, sont accusés d’avoir commencé à acheter les voix de certains élus pour garantir leur réélection.
Têtes de liste au féminin
Quel lot a-t-on réservé aux femmes pour les communales du 12 septembre ? Cette interrogation n’a pas suscité un grand intérêt comme si les élections étaient une affaire purement masculine. Tout a été présenté comme si le débat autour de cette question avait été épuisé dès lors que la liste nationale avait été établie lors du scrutin du 27 septembre dernier. Or, cette question revêt un intérêt politique particulier. Jetons, donc, un coup d’œil sur l’état actuel des choses.
Seules 6.133 femmes se sont portées candidates aux prochaines élections, soit 5% du total des candidatures. Il apparaît de prime abord que bon nombre de figures féminines et de symboles des luttes de la femme se sont retirés de la course. Les portes se sont, donc, ouvertes pour d’autres femmes, de nouvelles recrues de la nouvelle génération. Ainsi, à l’USFP, Zoubida Bouayad conduit une liste à Casablanca. Elle est médecin, chef du service des maladies respiratoires de l’hôpital Ibn Rochd. Native de Rabat en 1948, elle poursuivit ses études en France où elle a obtenu son diplôme en 1979. Zoubida Bouayad s’est illustrée dans de nombreuses actions scientifiques au sein de l’Association marocaine des sciences médicales, tout comme dans le domaine associatif. Elle a adhéré au parti très jeune et mené son action en douceur pour devenir une figure incontournable dans le paysage partisan. A ses côtés, on trouve également Meryem Lemrini à Marrakech ou Salma Todd à Tanger. En revanche, certaines militantes chevronnées se sont éclipsées. Ainsi Fatima Lemouedden ou Badiaâ Skalli, toutes les deux membres du Bureau politique depuis le sixième congrès ont préféré s’abstenir.
Du côté du RNI, c’est Malika Sarroukh qui tient la tête de liste de son parti à Tanger où elle occupe la fonction de doyen de la faculté de droit. Malika Sarroukh est professeur universitaire à la faculté de droit de Rabat-Agdal et est considérée comme experte de l’Organisation arabe des sciences administratives. En revanche, Naïma Farah n’a pas pu se mesurer aux titans de la circonscription de Hay Hassani-Aïn Chok dont la liste est menée par Mostaghfar qui n’est qu’un transfuge de l’USFP. Ainsi, Naïma n’a pu occuper que la deuxième place. Mais globalement, pour le RNI, comme pour l’USFP ou encore le PPS, le quota de 20% semble acquis.
Parmi les têtes de liste les plus en vue à Casablanca-Anfa, on trouve une militante de la première heure. Il s’agit de Nouzha Skalli, membre du Bureau politique du PPS qui est bien connue pour son action associative. Conseillère sortante à la commune de Sidi Belyout, Nouzha Skalli est pharmacienne et ex-présidente du syndicat des pharmaciens de la ville.
Sur l’autre rive du paysage politique, les responsables de l’Union constitutionnelle semblent exprimer à ce sujet de bonnes intentions, comme l’a si bien déclaré le secrétaire général Mohamed Abied au quotidien Assabah : "le parti a décidé de mettre des femmes en tête de liste de certaines circonscriptions et leur a réservé aussi de bonnes places sur d’autres listes". Mais à l’heure où nous mettions sous presse, il nous a été difficile de connaître l’identité de ses candidates.
Du côté du Mouvement populaire, la tendance semble être différente. Ainsi, Mohand Laenser devait déclarer à un quotidien de la place que : "la femme en général et la femme rurale en particulier n’est pas encore habilitée à la participation et ne mène aucune action dans ce sens". C’est bien Laenser qui l’a dit !.
Mais au parti de l’Istiqlal, au niveau de Casablanca, on n’a eu aucune difficulté à imposer Yasmina Baddou tête de liste. La secrétaire d’Etat mène le bal dans son fief, là où elle a décroché son mandat de député le 27 septembre. Il paraît que le parti de Abbas El Fassi voulait ainsi profiter de son image et de son expérience en tant que conseillère juridique de la Wilaya sous Driss Benhima. A Marrakech-Médina, il était plus qu’évident de trouver Malika Assimi ou encore Naïma Khaldoun à Yacoub El Mansour à Rabat et Zoubida Fenniche à Hsaïn à Salé.
En ce qui concerne le parti qui a fait couler beaucoup d’encre après les attentats du 16 mai, c’est-à-dire le PJD, la réduction drastique de ses candidatures a eu un effet certain sur la présence féminine. Ce parti avait décidé le quota de 10% et adopté le principe de positionner les candidatures féminines sur le premier tiers des listes. Ainsi, donc, le parti a contredit les appréciations de Abdelilah Benkirane qui avait déclaré précédemment à l’hebdomadaire Al Bidaoui que les "sœurs ne sont pas prêtes à assumer les premières responsabilités qui les conduiront à la tête des municipalités". Le PJD a donc désigné Fatima Oumil tête de liste de la commune du Maârif à Casablanca
la gazette du maroc - septembre 2003
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