« Ma mère qui vient du Maroc, s’est mariée et est venue ici ne parlait pas français. J’avais un petit retard de langage. Mon directeur de l’école maternelle a dit ma mère : ‘votre fille, elle a un souci elle a un problème. Elle n’est pas comme les autres enfants, il y a un problème de langage, elle ne parle pas encore, elle a six ans…’ Il est arrivé avec un document qui signifie que votre enfant sera placé dans le spécialisé ‘type 1, forme 3. Ma mère a dit : ‘écoute, si c’est la meilleure école pour elle, je suis partante. Mais ma mère n’était pas du tout informée sur ce document et elle a signé », raconte à RTBF Doha.
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Elle a donc grandi dans un établissement scolaire où il y avait des gens qui s’enfuyaient de leur pays. « Ils arrivaient en Belgique, c’étaient des réfugiés, en fait. Oui, il y a une majorité. Tous mes amis qui sont en spécialisé, les mamans ne parlent pas français. Une maman qui vient de la Turquie ? Alors on les met là-bas. […] Pour l’école primaire, c’était un camping. C’était s’amuser, aller à la récréation et je me suis pas rendu compte que ce n’était pas ma place, là. » Doha a poursuivi ses études secondaires dans l’enseignement spécialisé. Elle a commencé des cours au théâtre hors de l’école et c’est au cours de cette période qu’elle s’est rendu compte que quelque chose n’allait pas.
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« En fait, durant mes primaires et secondaires, je n’ai rien appris. Je suis bloquée. » La jeune fille interpelle alors le PMS de son école : « Quels sont mes problèmes ? Pourquoi je suis là ? Pourquoi je ne suis pas en professionnel ou en général comme les autres jeunes de mon âge ? ». En l’absence d’une réponse concrète, elle décide alors de reconstituer tout son dossier. Elle cherche à comprendre ses difficultés et rattraper son retard. Dans l’attente de recevoir les résultats, Doha a repris des études d’art en enseignement professionnel. Elle s’investit aussi dans la vie associative et gère de nombreux projets.
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« Au lieu que je pleure sur mon sort, il faut que je me relève pour aider d’autres qui sont dans le même cas », dit-elle. Le souhait de Doha c’est que l’accompagnement dans le spécialisé change. « Le cadre du spécialisé du type 1, forme 3 n’est pas bien enseigné. (…) Ils nous considèrent comme les derniers de la société : ceux qui vont se retrouver plus tard au CPAS ou au chômage. Ce n’est pas moi ça !” explique-t-elle.