
À l’heure où les constructeurs aéronautiques de l’Europe peinent à répondre à la demande, le Maroc travaille à devenir une plaque tournante de l’aérospatiale.
Comment vivrons-nous dans 50 ans ? Le monde sera-t-il plus pauvre ? Comment assurer le développement d’un monde plus important et sans inégalités ? C’est à ces questions que tente de répondre le rapport de la Banque Mondiale sur le développement en 2003.
Pour les experts, c’est aujourd’hui qu’il faut agir “pour mettre en mouvement des cercles vertueux plutôt que des cercles vicieux”. Et cela, pour créer des forces favorables à la durabilité, et non à la dégradation de l’environnement et à la division sociale. Le Maroc arrivera-t-il, à temps, à mettre en place une dynamique de changement ? Pas sûr, s’il ne gomme pas rapidement les dysfonctionnements et les grands retards que justement la Banque Mondiale a relevés dans sa dernière note sur la protection sociale dans le Royaume (www.leconomiste.com).
Depuis le milieu des années 90, la pauvreté augmente et bien peu de chose a changé dans les politiques menées pour lutter contre ce phénomène… et finalement pour des résultats mitigés. La décennie 90 a été donc marquée par une augmentation de 50% du taux de la pauvreté. Et en 1999, environ 19% de la population marocaine (5,3 millions d’individus), étaient considérés comme pauvres contre 13% (3,4 millions) en 1991. Même constat au niveau du nombre de personnes vivant tout juste au-dessus du seuil de la pauvreté. Le nombre des "économiquement vulnérables a également augmenté de 7 millions en moins de 10 ans. Dans les campagnes, près de la moitié de la population, soit 13 millions de personnes, vit dans des conditions d’extrême précarité. La pauvreté est très répandue dans les campagnes marocaines avec 3,5 millions de ruraux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté (moins de 3 dollars par jour).
Le rapport de la Banque Mondiale, qui a été présenté à Rabat mardi 15 avril et à Casablanca mercredi 16 avril(1), introduit de nouveaux éléments dans l’analyse du développement. C’est le cas des inégalités entre pays. “Le revenu par habitant des 20 pays les plus riches est 35 fois plus élevé que celui des 20 pays les plus pauvres. Ce rapport a doublé depuis 1970 en raison de la faible croissance dans les pays pauvres”, indique Zmaraka Shaliki, responsable principal pour l’infrastructure et la recherche environnementale, groupe de recherche sur le développement, vice-président Economie de développement à la Banque Mondiale. Malgré les succès réalisés au cours des dernières années, en matière de réduction de l’analphabétisme et du taux de mortalité infantile, des pressions sociales et environnementales croissantes sont considérées comme sources d’inquiétude. Les conflits armés figurent en bonne place. Dans les années 90, 46 pays ont connu un conflit armé. Sur ce total, 33 pays sont parmi les pauvres. “Ces conflits détruisent les avancées réalisées en développement, alimentent la méfiance et empêchent la croissance future”, note l’expert de la banque. Autrement dit, une faible croissance conjuguée aux conflits et à l’inégalité minent l’action collective de soutien d’un projet de développement durable.
La Banque Mondiale, dont les prévisions portent sur le très long terme, table sur un accroissement démographique important d’ici 2050. Au total, 3 milliards d’habitants supplémentaires viendront grossir la population mondiale, et une économie mondiale, de 140 milliards de dollars est attendue. Le niveau de la croissance sera de 3% par an. Face à cette évolution, un défi de taille devrait être relevé : comment assurer qu’une économie globale, quatre fois plus grande que celle d’aujourd’hui, crée moins de dégradations sociales et environnementales ?
L’expert de la Banque Mondiale estime qu’une réforme politique ne suffit pas ou plus. Il faut, selon lui, mettre en place des institutions meilleures et transformées. Chose qui nécessite une distribution plus équitable des ressources. Et si l’accent est cette fois mis sur les institutions, c’est parce qu’elles touchent les personnes où qu’elles vivent. “Pour que les gens prospèrent, il faut que les ressources prospèrent aussi. Etant donné leur seuil de complémentarité, il est important qu’un nombre de ces ressources, physiques, financières, sociales et environnementales, soient gérées de façon responsables, si l’on veut que le développement soit durable”, précise le rapport.
Pour l’Organisation, les 50 prochaines années présentent une ouverture unique. D’abord, la croissance de la population va se ralentir et se stabilisera à environ 10 milliards d’habitants à la fin du siècle. “Ce ralentissement implique la possibilité pour les gouvernements de lutter non pour maintenir une certaine qualité de vie pour leurs citoyens, mais pour l’améliorer”, estiment les spécialistes. Ce progrès est conditionné par la possibilité d’éduquer les populations et la capacité de leur fournir des opportunités d’emplois et d’investissements.
Ensuite, l’on assistera à une transition urbaine. “Pour la première fois de l’histoire, la majeure partie de la population vivra dans les villes”, précise Shaliki. Reste que le doublement prévisible des populations urbaines rendra nécessaire la création de l’environnement des grandes villes, lequel se construit sur le long terme. Mais même avec l’apparition de nombreuses mégalopoles et l’augmentation du nombre de villes, il y aura encore une population importante dans les zones fragiles. D’ailleurs, grâce à une plus grande concentration dans les villes, le potentiel d’investissement jugé croissant s’effectuera à des coûts additionnels décroissants. “Des billions de dollars d’investissements sont attendus au cours des 50 années à venir. De même, le stock de capital (nouveaux logements, usines, transport et énergie) pour la nouvelle population, le développement des villes, et la réduction de la pauvreté doit encore être construit”, soutient cet expert. Il ajoute que “des critères d’investissement plus appropriés et une prise de décision plus participative permettraient de développer ce stock de capital en mettant moins de stress sur la société et l’environnement”.
Khadija MASMOUDI pour L’Economiste du Maroc
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