Un don d’un milliard de dirhams au Fonds spécial destiné à gérer les effets du séisme survenu au Maroc il y a une semaine a été fait par le roi Mohammed VI.
Dans la classe politique, c’est un véritable séisme. Fouad Ali Al Himma, puissant ministre délégué de l’Intérieur, démissionne de son poste pour briguer un siège lors des prochaines élections. Et cela avec la bénédiction du Souverain, via un communiqué du cabinet royal rendu public mardi dans la soirée.
En tout cas, l’annonce de cette information a réanimé l’activité politique et les commentaires fusent de toute part avec chacun sa lecture. Mais la plus importante est d’ordre pédagogique. En effet, par cette initiative, on invite la population à changer d’opinion sur la pratique politique. Il s’agit de la réhabiliter et lui rendre toute la confiance nécessaire à la vie démocratique. Indirectement, c’est un appel lancé aux jeunes pour investir le champ politique au lieu de le laisser entre les mains des mêmes personnes depuis des décennies. La montée de l’extrémisme religieux est liée à l’image négative du politique. Ainsi, voilà un ministre, puissant par sa proximité du Souverain, se présente au prochain scrutin. Il est évident que Fouad Ali Al Himma ne renonce pas à son poste pour un simple siège au Parlement. La fonction qu’il occupe est plus prestigieuse. On l’a vu, à chaque fois qu’il se déplace au Parlement, comment les parlementaires s’agglutinent autour de lui.
En outre, l’entrée en politique du ministre délivre un autre message : les prochaines élections seront transparentes, crédibles et propres. Le meilleur et dernier gage : le plus proche du Roi a démissionné de son poste pour aller sur le terrain se présenter aux législatives. L’ombre de l’abstention pèse sur les prochaines élections. Et c’est aussi de cette manière qu’on peut influer sur son taux anormalement élevé.
Sur le plan de la gouvernance moderne, c’est une première. En effet, onze autres ministres vont se lancer dans la bataille électorale, mais aucun n’a demandé ni au Premier ministre ni au Souverain de le décharger de ses fonctions pour se consacrer entièrement à la préparation des législatives. Pis, certains départements ministériels ont vu leurs activités baisser depuis plusieurs mois. L’emploi du temps de leur chef est essentiellement occupé par des charges partisanes.
Il est évident que ce remaniement ministériel avec le départ du ministre délégué à l’Intérieur soulève plusieurs questions. Pour avoir le cœur net, il faudra attendre son retour de Manhasset, près de New York, où le deuxième round des négociations avec le polisario doit démarrer ce vendredi. L’une d’entre elles concerne sa coloration politique. Jusqu’ici, Ali Al Himma a été un ministre de souveraineté. Demain, pour les besoins des élections, intègrera-t-il un parti politique ou se présentera-t-il sous l’étiquette de SAP (Sans appartenance politique) ? Sur cette question, les avis sont partagés. Mais une chose est sûre : les partis joueront des coudes pour l’avoir parmi eux. En tout cas, s’il entre dans une quelconque formation (RNI, MP,…), les mauvaises langues diront que le pouvoir a décidé de la favoriser au détriment des autres. Elles préfèrent qu’il se présente SAP pour conserver sa neutralité. Cependant, cette dernière hypothèse risque de provoquer un appel d’air des candidatures SAP qui ne manqueront pas de prétendre à une filiation avec Fouad Ali Al Himma au cours de la campagne électorale.
Et la circonscription ? Le candidat avait le choix entre Benguérir et Rabat. Finalement c’est l’appel de sa région natale qui a prévalu
Dans les états-majors des partis, c’est la consternation, particulièrement chez les prétendants au poste de Premier ministre. Ils voient dans l’entrée de Fouad Ali Al Himma dans l’arène politique, la Primature qui leur file sous le nez après les élections. Pour plusieurs d’entre eux, Ali Al Himma sera le prochain Premier ministre. Il connaît personnellement toute la classe politique pour avoir négocié avec elle les lois électorales en 2002 et en 2007. Il n’aura aucun mal à former une majorité cohérente pour diriger le pays. D’autant qu’il puisera sa force dans sa proximité avec le Souverain. Cependant, nos dirigeants politiques doivent garder leur sang- froid. Ils ne peuvent préjuger aujourd’hui du Premier ministre sans attendre les résultats des élections du 7 septembre. C’est ça aussi l’apprentissage de la démocratie.
El Himma : "Ma démarche ne répond à aucun agenda politique"
"Ma démarche est simple et sereine et ne répond à aucun agenda politique", a déclaré Ali El Himma, hier à la MAP. Sur les motivations de sa démarche, l’ancien ministre délégué au département de l’Intérieur, explique : « Il ne faut pas oublier que j’ai passé 21 ans au ministère de l’Intérieur où j’ai appris à mieux connaître les réalités de mon pays, région par région, à travers toutes les problématiques de développement local. Ces huit années, j’ai eu l’honneur de participer, auprès des différents responsables de ce ministère, à la mise en oeuvre du nouveau concept de l’autorité, basé sur la proximité et aux grands projets de développement ». Sur le choix de la région des Rhamna pour sa candidature aux prochaines législatives, El Himma a tenu à préciser : « Je vais m’investir corps et âme pour servir ma région et ce n’est qu’un retour aux sources ». El Himma a été, rappelons-le, président du Conseil municipal de la ville de Benguérir et de la région des Rhamna.
L’Economiste - Mohamed Chaoui
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