Les spectacles, les événements festifs sont encore proscrits au Maroc et les acteurs de ce secteur paient un lourd tribut, rapporte Le360. Ils sont au chômage depuis plus de 8 mois et sans aucune aide du gouvernement. Pour Karim Tadlaoui, artiste, chanteur et musicien, cet arrêt des activités dû à la crise sanitaire du coronavirus a « causé beaucoup de torts et de problèmes » au point d’amener certains collègues à envisager le changement de métier. L’artiste a dès lors invité les autorités compétentes à réfléchir afin de trouver une solution durable pour soutenir les acteurs de ce secteur. « Dans les mentalités, on ne peut pas comparer un artiste, un musicien à un médecin, un avocat ou un architecte, il est toujours dévalorisé, cela n’existe dans aucun pays », a-t-il martelé.
Selon Karim Tadlaoui, Shehrazade, violoniste, professeure de musique, les artistes et les musiciens en particulier souffrent d’un manque de reconnaissance. Il y a 9 mois, cette jeune femme participait à plusieurs événements festifs et dispensait des cours de musique dans les écoles. Elle subvient aux besoins de sa famille grâce à ces activités. Le Covid-19 en a décidé autrement. A l’en croire, les écoles de musique n’embauchent plus et elle se retrouve désormais sans argent. "Au Maroc, l’artiste n’a aucune valeur, il est toujours dévalorisé, alors que nous créons de la joie », s’est-elle désolée.
Amine, chef d’orchestre et directeur artistique d’un des plus grands shows de la corniche casablancaise assure que près de 3 000 artistes et musiciens employés par les établissements de nuit de Aïn Diab sont désormais au chômage. "Notre seul gagne-pain c’est notre métier, l’animation dans les restaurants dans les établissements de nuit, les fêtes… Notre secteur est à l’arrêt complet. Ceux qui avaient épargné un peu d’argent sont en train de l’utiliser, et ceux qui n’avaient pas d’épargne ont vraiment souffert. Nous passons tous par une situation financière très difficile (…), a-t-il précisé.
Cette situation de précarité a permis à certains d’entre eux de comprendre un peu tardivement la nécessité de fédérer leurs efforts. "Ce qui doit changer, c’est que nous devons nous fédérer. Nous devons trouver une solution pour que les syndicats existants puissent se réunir en un seul, pour sortir de l’informel. L’anarchie, le manque de structures et l’informel a joué contre nous", regrette l’artiste et musicien Bouchaib Lhrizzi.