Au Maroc, les défenseurs de l’environnement appellent à l’interdiction totale de la culture de la pastèque, très gourmande en eau.
La démarche du Haut Commissariat au Plan devrait inspirer, entre autres, les responsables de la Caisse de compensation. Le HCP vient de rendre publics les résultats de l’étude sur le ciblage géographique de la pauvreté. Un travail de fourmi qui, selon Ahmed Lahlimi Alami, permettra une répartition performante des budgets de lutte contre la pauvreté.
L’étude des experts du HCP se fonde sur les statistiques réalisées en 2004. De ce fait, sa mise à jour se référera aux données de l’enquête sur le niveau de vie des ménages, réalisée en 2007 par le HCP. In fine, il s’agira d’établir « une carte géographiquement fine » de ce fléau, pour apporter les éléments d’une répartition optimale des ressources. A noter que, pendant longtemps, les politiques de lutte contre la pauvreté ont été fondées sur des transferts forfaitaires destinés à l’ensemble de la population, comme c’est le cas pour la compensation.
Pourtant, d’autres études, menées par le HCP, avaient montré la limite de cette approche qui a prévalu dans l’affectation des ressources destinées à réduire les disparités sociales et la pauvreté, sans jamais atteindre les résultats escomptés. « Les ressources distribuées au moyen des méthodes en vigueur ne donnent aucun résultat satisfaisant », nonobstant leur importance. C’est fort de toutes ces remarques et de bien d’autres, que Lahlimi s’est engagé, à défaut de pouvoir éradiquer la pauvreté, à mettre à la disposition des autorités des outils pour un ciblage plus performant dans la répartition des ressources. Mais aussi mieux évaluer les politiques de ciblage ou encore étudier l’impact des politiques sur le développement humain.
Mieux encore, à terme en 2009, le travail du HCP permettra la mise à jour de la carte de la pauvreté et la réalisation d’une toute première carte de la malnutrition. Bien sûr, au HCP, on a le triomphe modeste. En atteste cette précision de Lahlimi : « L’étude ne prétend pas apporter une solution de mise en œuvre d’une politique de lutte contre la pauvreté, mais entend simplement donner des indicateurs sur l’impact des différentes politiques de répartition des ressources sur le terrain. »
La question du ciblage est au cœur de la démarche du HCP. L’étude fait ressortir que les 20% des ménages les plus aisés bénéficient de plus de 40% des subventions alimentaires et de plus de 50% de celles destinées à l’enseignement secondaire et supérieur. Les détails donnent froid dans le dos. La part de ces ménages les plus aisés dans les subventions alimentaires est tout simplement honteuse. Ils bénéficient de 40,2% de subventions sur la farine de blé tendre, 41,2% pour le sucre granulé et 48% pour l’huile de table. Pour ces proportions, le quintile le plus défavorisé n’en bénéficie qu’à hauteur respectivement de 19,1%, 9,6%, 4,8% et 3,2%.
De même, ces proportions prennent des écarts considérables en ce qui concerne les subventions à l’éducation et à la formation. Les mêmes 20% des ménages les plus aisés prennent 16,8% au primaire, 30,7% au collège, 48,1% au secondaire et 58,6% au supérieur. Là-aussi, les 20% les plus défavorisés sont mal lotis. Sauf au primaire (école publique oblige), où ils bénéficient de 19,1%, sur toutes les autres étapes, ils tirent le diable par la queue. C’est ainsi qu’au collège, ils ne prennent que 9,6% des subventions, 4,8% au secondaire et 3,2% au supérieur.
La conclusion des experts du HCP se passe de commentaires. Au moyen de ciblage optimal, l’affectation des ressources budgétaires aux Communes par exemple, permettrait une meilleure réduction de la pauvreté que le transfert uniforme. Une démarche qui, selon eux, donnerait lieu à une économie des ressources budgétaires de plus des 2/3 par rapport à l’allocation forfaitaire. Le choix est vite fait.
Source : L’Economiste - Réda Harmak et Bachir Thiam
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