Cette croisade sociale est fréquemment organisée par la boucherie, qui se sert de ses bénéfices annuels pour venir en aide aux personnes dans le besoin. Le fils Slimani a décidé de perpétuer la tradition entretenue par son père durant de longues années. « Mon père avait l’habitude lors de grosses occasions comme l’Aïd ou les fêtes de fin d’année de faire un geste discret pour ses clients les plus fidèles et les moins fortunés », déclare Mourad Slimani. Il confie que son père glissait dans leurs cabas davantage de viande ou il y ajoutait de la charcuterie, des steaks hachés. « Un petit coup de pouce discret en direction des gens de condition modeste. Par ailleurs, je veux rendre aux Vénissians ce qu’ils m’ont fait gagner. Un juste retour à l’équilibre en somme », rapporte Expressions-venissieux.fr.
Mais l’action de solidarité engagée par le responsable de la boucherie de Vénissy le 2 février est bien plus grande que le geste discret dont son père, Moustapha, était coutumier. « Je n’ai pas voulu axer cette opération sur les seuls habitués de ma boucherie. J’ai donc fait appel à la mairie pour que ses services identifient des personnes dans le besoin. Elles vont bénéficier d’un colis composé de 5 à 7 kg de viande de bœuf ou d’agneau, de poulet, charcuterie ou saucisses ».
L’initiative est fortement appréciée par diverses personnalités de la région. La troisième adjointe au maire en charge des politiques sociales et de la lutte contre la grande pauvreté, Saliha Prudhomme-Latour, salue cette « noble initiative qui correspond à l’ADN de la ville », surtout en cette période marquée par une crise à tous les niveaux. Pour elle, donner vie à la volonté de Mourad Slimani n’a pas été une entreprise difficile. « On a envoyé un courrier à plusieurs centaines de personnes réparties sur les différents quartiers de la commune, en difficulté, isolées, en couple ou avec enfants à charge, pour leur faire part de cette opération. On y a inclus un bon ou coupon à retirer chez Mourad Slimani, un jour précis, un mardi ou un mercredi. Il faudra trois à quatre semaines pour mener à bien cette distribution », souligne-t-elle.
Pour que chaque habitant se sente impliqué dans cette croisade sociale, le responsable de la boucherie a fait appel à des jeunes et des retraités du quartier, par roulement, pour assurer la préparation des sacs et la distribution. D’autres commerçants ont apporté de leur contribution pour toucher le plus de personnes dans le besoin. C’est le cas d’Alexandre, responsable de Veny Optique, qui a pris contact avec Mourad pour participer à cette chaîne solidaire « à hauteur de 30 % du budget, soit 22 000 euros environ ».
Les prochains bénéficiaires du boucher de Vénissy sont déjà ciblés. Il s’agit des étudiants qui auront forcément besoin d’un coup de main, surtout si la pandémie du coronavirus perdure.