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Une enquête dévoile la pollution importante de certains villages marocains où sont déchargés des résidus miniers. BMW, Renault et la Managem, grande entreprise minière marocaine, sont pointés du doigt.
« La chaîne ne commence pas avec la production dans les usines de BMW, mais avec l’extraction des matières premières. Le cobalt, qui revêt une grande importance pour la production de batteries, sert d’exemple », annonce le constructeur dans une publicité avec le slogan « BMW, la voiture la plus verte », assurant par ailleurs que son cobalt proviendrait de « mines responsables », notamment l’entreprise Managem, son fournisseur marocain dont la mine est située au village de Bou Azzer. Cette publicité contraste toutefois avec la réalité. En témoigne l’enquête « L’exploitation minière assèche les pays pauvres » réalisée à Bou Azzer par Reporterre en partenariat avec le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, les radiotélévisions allemandes NDR et WDR et le média marocain Hawamich à la suite des graves accusations portées depuis des années par les mineurs, syndicalistes et habitants de la région contre l’exploitation de cobalt par la Managem.
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La mine de la Managem qualifiée de « responsable » est à la fois une mine de cobalt et une mine d’arsenic, un produit hautement cancérigène utilisé dans les insecticides. L’entreprise produit environ 7 000 tonnes d’arsenic par an, contre 2 000 de cobalt. Les mineurs en sous-traitance confient avoir travaillé sans protection respiratoire, exposés aux poussières du minerai et des explosifs. Ces conditions de travail ne sont pas sans conséquence sur leur santé : maladies de peau typiques de l’intoxication à l’arsenic, silicose, etc. Interrogée à ce sujet, la Managem assure prendre toutes les précautions nécessaires, de l’extraction d’air dans les galeries « au port de protections respiratoires individuelles ». Sauf que les photos de Bou Azzer publiées dans les rapports de l’entreprise elle-même prouvent le contraire. Si risque devrait y avoir, il serait limité, selon Managem. La situation des mineurs relève « d’un déni de la notion même de santé au travail. La nature de ce minerai arsénieux est inquiétante, et elle s’ajoute à la silice de la roche et aux poussières des explosifs auxquels sont exposés les mineurs, commente Alain Carré, médecin du travail et spécialiste de la santé des mineurs.
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« Dans un tel gisement, il faudrait une captation extrêmement efficace de l’empoussièrement et une introduction d’air neuf, des dispositifs d’aspiration sur les marteaux-piqueurs, des masques à cartouche avec des heures de travail limitées pour que tout ceci soit supportable pour les mineurs. Pas sûr que ce ne soit praticable ou rentable, ce qui, peut-être, justifierait l’abandon pur et simple de l’exploitation », ajoute-t-il. « Dans un cas comme celui-ci, une exploitation minière responsable nécessiterait qu’à chaque stade de l’exploitation et de la transformation du minerai, il y ait un confinement systématique des poussières. Il faudrait que les résidus chargés en arsenic et autres métaux toxiques soient, eux aussi, systématiquement confinés et ne s’infiltrent ni dans les sols ni dans les eaux de ruissellement », recommande Annie Thébaud-Mony, sociologue directrice honoraire de recherche à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et spécialiste des cancers professionnels.
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Renault qui a signé un accord avec l’entreprise Managem en 2022 et n’hésite pas à mettre en avant son « approvisionnement durable » en « cobalt responsable » du Maroc est aussi impliqué dans ce scandale écologique. Tout comme BMW, elle achète des tonnes de cobalt auprès de l’entreprise marocaine. Seulement, ces deux entreprises étrangères n’ont vraiment pas mené de véritable audit, pour identifier les risques de leur chaîne d’approvisionnement, notamment les atteintes aux droits humains, à la santé et à l’environnement et prendre des mesures pour en limiter les conséquences néfastes comme cela se fait en France et en Allemagne. « La production de cobalt du groupe Managem a été certifiée selon les critères de la Responsible Minerals Initiative », par « une évaluation d’Ecovadis » et « le groupe Managem fait partie de l’Alliance pour le cobalt équitable », a répondu Renault, interrogée à ce sujet. Or, la Responsible Mining Initiative assure à Reporterre n’avoir récolté « aucun élément sur la mine de Bou Azzer ».
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Sur le même sujet, BMW, qui achète du cobalt du Maroc depuis 2020, répond : « En juin 2022, des représentants du groupe BMW ont visité la mine de Bou Azzer. Mais il ne s’agissait pas d’un examen détaillé des normes environnementales et sociales. Dans l’ensemble, nos collègues ont eu une impression positive de la mine et n’ont pas pu identifier de problèmes notables. » Sauf que des taux d’arsenic ont été relevés dans la région. Informé, le constructeur allemand indique avoir « demandé un examen complet à son fournisseur ». Il entend aussi « exiger des contre-mesures immédiates » pour améliorer la situation environnementale et sociale à Bou Azzer.
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