Ahmed Tommouhi : une victoire judiciaire après 24 ans d’injustice

29 juin 2023 - 19h00 - Espagne - Ecrit par : P. A

La chambre criminelle de la Cour suprême (Espagne) vient d’annuler la décision du tribunal provincial de Barcelone qui avait condamné Ahmed Tommouhi à 24 ans de prison pour deux crimes de viol et deux délits le 23 septembre 1992.

La Haute cour a annulé la décision du tribunal de première instance après avoir reçu de nouvelles preuves, dont les rapports d’experts sur le sperme trouvé dans un sous-vêtement de la victime et qui n’est pas celui de Tommouhi. Ces rapports rédigés en 1992 par la police scientifique de Barcelone, n’ont jamais été présentés devant la Cour, les experts n’ayant pas témoigné à l’audience.

Ahmed Tommouhi a purgé 14 ans et dix mois de prison pour des crimes de viols et de vol qu’il n’a pas commis. Abderrazak Mounib a également passé huit ans en prison pour les mêmes faits avant d’y mourir d’une crise cardiaque en 2000. Les faits remontent à 1991, année où plusieurs couples ont été victimes de vol avec violence et les femmes violées dans les villes de Barcelone, Tarragone et Gérone pendant six jours. Les deux hommes d’origine marocaine, identifiés par deux victimes, ont été arrêtés par la Garde civile qui précise qu’ils ne se connaissent pas.

À lire : Erreur judiciaire : le cas d’Ahmed Tommouhi, accusé à tort, réexaminé en Espagne

Les accusés avaient été déjà condamnés à six reprises pour une dizaine de crimes et devraient passer plus d’un siècle en prison. Ils seraient également impliqués dans les attentats du 13 novembre à Terrassa, selon La Vanguardia. Des victimes ont identifié en 1995 les deux accusés comme auteurs d’une autre série de viols et vols dans la région, alors qu’ils étaient déjà en prison. Après enquête, les agents finissent par mettre la main sur Antonio García Carbonell, également impliqué dans la série de viols de 1991.

L’échantillon d’ADN trouvé sur le sous-vêtement de l’une des victimes, et qui n’était pas compatible avec celui des deux accusés, appartient à García Carbonell, d’après des analyses plus poussées des experts, réalisées des années plus tard, ce qui a conduit la Cour suprême à annuler la décision du tribunal contre Tommouhi pour l’un des viols. Une victoire pour les avocats de la défense, Manuel Ollé et Jorge Claret.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Droits et Justice - Vidéos - Sexualité - Vol - Violences et agressions

Aller plus loin

Un MRE acquitté après avoir été faussement accusé de fraude

Accusé à tort de participation à un réseau de falsification de contrats immobiliers, un Marocain résidant en Espagne a recouvré la liberté. Il avait écopé de quatre ans de...

Erreur judiciaire : le cas d’Ahmed Tommouhi, accusé à tort, réexaminé en Espagne

La Cour suprême d’Espagne a accepté de réexaminer le cas du Marocain Ahmed Tommouhi, condamné à tort pour une série de viols en 1991.

Abderrazak Mounib : un innocent mort en prison en Espagne

Injustement accusé de viol et de vol qualifié, le Marocain Abderrazak Mounib est mort d’une crise cardiaque dans la prison de Can Brians en Espagne, alors qu’il attendait sa...

Emprisonné injustement, un Marocain porte plainte contre l’Etat espagnol

Le Marocain Farid Hilali, qui était en détention préventive au Royaume-Uni, a été réclamé par la justice espagnole pour son implication présumée dans les attentats du 11...

Ces articles devraient vous intéresser :

La chanson « Enty » de Sâad Lamjarred devant la justice

Le compositeur Mohamed Rifai a assigné DJ Van en justice à cause de la chanson « Enty » interprétée par Saad Lamjarred en 2014.

Le Maroc confronté à la réalité des violences sexuelles

Les femmes marocaines continuent de subir en silence des violences sexuelles. Le sujet est presque tabou au Maroc, mais la parole se libère de plus en plus.

Hassan Iquioussen vs Gérald Darmanin : la justice se prononce aujourd’hui

Le tribunal administratif de Paris examine l’arrêté d’expulsion de Hassan Iquioussen, pris par le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en juillet 2022. Cette audience déterminante permettra de statuer sur la possibilité de l’imam de revenir en...

Corruption : des élus locaux pris la main dans le sac

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, tente d’en finir avec la corruption et la dilapidation de deniers publics. Dans son viseur, une trentaine de présidents de commune et de grand élus dont il a transféré les dossiers devant l’agent judiciaire...

Des Marocains célèbrent la fin des accords de pêche avec l’Europe

Sur Facebook, de nombreux internautes marocains et des spécialistes des relations maroco-européennes affichent leur satisfaction après la décision de la Cour de justice annulant les accords de pêche entre l’Union européenne (UE) et le Maroc.

"L’boufa", la nouvelle menace pour la société marocaine

Le Maroc pourrait faire face à une grave crise sanitaire et à une augmentation des incidents de violence et de criminalité, en raison de la propagation rapide de la drogue «  l’boufa  » qui détruit les jeunes marocains en silence.

Un MRE expulsé après 24 ans en France

Un ressortissant marocain de 46 ans, résidant en France depuis 24 ans, a été expulsé en février dernier, suscitant l’émoi et soulevant des questions quant à l’application de la loi Darmanin sur l’immigration.

L’actrice marocaine Laila Rouass au coeur d’une polémique en Grande-Bretagne

Alors que le concours de danse télévisé « Strictly Come Dancing » de la BBC est touché ces derniers mois par des accusations de violences sur le tournage, une dispute historique entre le mannequin et actrice britannique d’origine marocaine Laila Rouass...

ADN au Maroc : vers un fichage incontrôlé ?

L’utilisation à des fin illégales des empreintes et des échantillons d’ADN des Marocains, prélevés dans le cadre des enquêtes criminelles, préoccupe des parlementaires qui ont interpelé le gouvernement à ce sujet.

L’appel des chrétiens marocains

La communauté chrétienne au Maroc a réitéré, à l’occasion de la célébration de la fête de Noël, sa demande d’abrogation de l’article 220 du Code pénal et de la dépénalisation du prosélytisme.