Maroc : la région du Souss-Massa manque d’eau

9 novembre 2020 - 01h30 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

La région du Souss-Massa est secouée par une grave sécheresse qui, si rien n’est fait, risque de saper totalement l’agriculture pourtant considérée comme étant l’activité principale de cette partie du pays.

« Le déficit en eau de surface est de 94 %. Nous n’avons jamais observé pareille chose à l’échelle du bassin : c’est inquiétant ». Ainsi s’est exprimé Abdelhamid Aslikh, responsable à l’Agence des bassins hydrographiques pour la région. A Agadir, tout comme dans plusieurs autres communes de la région Souss-Massa, dont entre autres, Dchira, Inzegane, Ait Melloul, Drarga, Taghazout, le phénomène a atteint un seuil inquiétant.

Les agricultures qui sont les plus touchés, ne savent plus à quel saint se vouer. Confrontés au manque d’irrigation par les barrages, ils sont obligés d’attendre les pluies qui se font rares ou de puiser dans une nappe phréatique surexploitée depuis des années, constate La Croix. Face une situation aussi critique, les dégâts économiques ne se comptent plus. « Certains agriculteurs se retrouvent à arracher certaines variétés d’agrumes pour ne se concentrer que sur celle qui est le plus rentable », explique Lhoussaine Bouchaou, professeur à l’Université Ibn Zohr à Agadir et affilié à l’Institut International de Recherche en eau de l’Université Mohammed VI Polytechnique. « C’est le seul moyen pour eux de ne pas se retrouver sur la paille », appuie-t-il.

Première activité génératrice de revenus dans la région, avant même la pêche maritime et le tourisme, l’agriculture a permis à Agadir et sa région de s’imposer comme leader dans l’exportation d’agrumes et de primeurs au Maroc. L’intense activité agricole est la cause fondamentale de la sécheresse actuelle que connaît la région, d’après Lhoussaine Bouchaou. En effet, « 90 % de notre eau est consommée par l’agriculture. C’est dû à l’important export des fruits et légumes, notamment les agrumes, que vous retrouvez dans vos supermarchés », fait-il observer. Parmi les mesures expérimentées pour corriger ce déficit en eau, la région a décidé de réduire l’accès à l’eau de ses millions d’habitants. Ainsi, en coupant l’eau dans tous les foyers, de 22 heures à 5 heures du matin, la région a pu économiser 20 % de l’eau gaspillée la nuit. Cependant, il s’agit là d’une «  mesure de précaution qui ne saurait être prise pour une solution durable dans le temps. Il faut apporter une réponse concrète », insiste Lhoussaine Bouchaou.

Le phénomène de la sécheresse que connaît la région n’est pourtant pas inconnu du gouvernement qui depuis des années, multiplie les stratégies pour corriger la situation. C’est ainsi qu’en 2008 déjà, une grande mesure pour le secteur agricole dénommé «  le Plan Maroc Vert  », avait été lancé avec pour ambition d’améliorer les moyens de production et les revenus des petits agriculteurs, souligne le ministère de l’Agriculture, notant que cette stratégie « a permis l’économie de deux milliards de mètres cubes d’eau d’irrigation ». Cette année, le gouvernement a introduit le plan « Génération Green 2020-2030 » – accompagné du plan « Forêts du Maroc » – visant à investir davantage dans ce même secteur, en multipliant au passage la création d’emplois.

L’année prochaine, le gouvernement compte finir avec la sécheresse dans la région Souss-Massa, où le déficit annuel des ressources souterraines est estimé à 90 millions de m3. La solution envisagée par les autorités, est l’installation notamment à Agadir, d’une usine de dessalement de l’eau de mer. Selon les prévisions, ladite usine devrait «  combler le déficit en eau potable de la région et permettre d’irriguer de nouveau une partie des terres agricoles  », indique la même source.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Agadir - Eau

Aller plus loin

Israël va aider le Maroc à combler son déficit en eau

Le Maroc pourrait profiter de l’expertise israélienne dans la gestion de l’eau pour mieux assurer la disponibilité de l’or bleu dans toutes ses régions.

Les agriculteurs marocains touchés par la sécheresse

L’agriculture marocaine fait face à la troisième année consécutive de sécheresse, avec une pluviométrie faible et des températures élevées. C’est une mauvaise nouvelle pour la...

Maroc : le cri de détresse des éleveurs de Fès-Meknès face à la sécheresse

Touchés de plein fouet par la sécheresse, les éleveurs et les producteurs de viande demandent une aide urgente à l’État afin d’éviter une crise majeure.

Les espaces verts de Rabat irrigués en eaux usées traitées

Le Maroc a décidé d’utiliser les eaux usées traitées pour irriguer les espaces verts, en raison de la rareté des pluies. La ville de Rabat a été choisie pour la phase...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : OCP va construire deux usines de dessalement de l’eau de mer

Le groupe marocain OCP va bénéficier d’un prêt de 2,2 milliards de dirhams, soit près de 200 millions d’euros de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) pour la construction de deux usines de dessalement d’eau de mer.

Restrictions d’eau : voici ce qui attend les Marocains

Face à une crise hydrique majeure imminente, le gouvernement d’Aziz Akhannouch a pris des mesures strictes pour lutter efficacement contre la pénurie d’eau.

Maroc : bonne nouvelle pour les amateurs de hammams

Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a instruit les gouverneurs des régions et les préfets des préfectures et provinces du royaume pour que soit revue la décision de fermeture des hammams et des stations de lavage de voitures en fonction de...

Le plan ambitieux du Maroc pour ne plus manquer d’eau

Face à la pression croissante sur ses ressources en eau, le Maroc met les bouchées doubles pour développer des solutions innovantes. Ahmed El Bouari, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural, des Eaux et Forêts, a annoncé...

Maroc : record d’exportations d’avocat, mais à quel prix ?

Les agriculteurs marocains continuent de produire de l’avocat destiné à l’exportation, malgré le stress hydrique que connaît le royaume. Le volume des exportations de ce produit a déjà atteint 30 000 tonnes.

Maroc : hammams fermés, SPA ouverts, le grand paradoxe

La décision du ministère de l’Intérieur de fermer les hammams trois jours par semaine aura des conséquences négatives sur les employés du secteur, a alerté Fatima Zahra Bata, la députée du Parti de la justice et du développement (PJD).

Casablanca : des champs irrigués aux eaux usées

Les éléments de la Gendarmerie royale de la préfecture de Nouaceur relevant de la région de Casablanca-Settat ont procédé dimanche à la saisie des pompes à eaux illégalement installées par certains agriculteurs pour irriguer leurs terres agricoles avec...

Ultimatum pour Veolia au Maroc après la fusion avec Suez

Au Maroc, Veolia, géant français de l’eau et de la gestion des déchets, est dans de sales draps. À l’origine de ses ennuis, la cession de la Lyonnaise des eaux de Casablanca (Lydec), ex-filiale marocaine de Suez chargée de la distribution d’eau et...

Maroc : une deuxième usine géante de dessalement en projet à Nador

Le Maroc se prépare à lancer un appel d’offres pour une nouvelle usine de dessalement d’eau de mer à Nador, d’une capacité de 250 millions de mètres cubes par an, a annoncé Nizar Baraka, ministre de l’Eau et de l’Équipement.

Du nouveau pour la culture de pastèque au Maroc

Le gouverneur de la province de Zagora, au Maroc, a récemment pris une décision pour réglementer la culture de la pastèque rouge et jaune, afin de préserver les ressources en eau. Cette mesure, qui restreint les surfaces cultivables et interdit la...