France : Un père marocain expulsé, deux enfants livrés à la précarité

Hassan Youssefi était sous le coup d’un arrêté d’expulsion depuis décembre 2024 et a été expulsé vers le Maroc le 21 février 2025 après l’entrée en vigueur de la loi Darmanin. Ce ressortissant marocain, résidant de manière régulière dans la commune d’Anchenoncourt-et-Chazel en Haute-Saône depuis 24 ans, est un délinquant multirécidiviste. Il avait fait l’objet de 13 condamnations et purgé six ans de peine d’emprisonnement au total.

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Le père de famille a été expulsé sans dire au revoir à ses enfants, deux jumeaux de 13 ans. Les deux mineurs, ainsi que leur mère, Catherine Geth, vivent désormais dans une situation de précarité alarmante. « Son expulsion nous met dans un moment compliqué. Je suis en invalidité [en cause de problèmes de cœur], lui travaillait et avait une entreprise de ferraillerie. C’est lui qui nous faisait vivre. On n’était pas riches, mais on vivait. Maintenant, on ne sait plus comment on va se chauffer ou manger, on est même allés aux Restos du Cœur », confie-t-elle à France 3 Franche-Comté.

« C’est une affaire émouvante et choquante. La famille a subi ces choses à cause de manquements de l’administration. Maintenant, il est SDF dans un pays où il n’a plus de liens », se désole Me Anne-Sophie Mang, avocate de la famille. Au Maroc depuis un mois, Hassan Youssefi n’a pas encore de revenus pour s’occuper de sa famille laissée en Haute-Saône. Pour le moment, il se contente de prendre de leurs nouvelles par téléphone. Pendant ce temps, la famille tente de survivre avec la pension d’invalidité d’un peu plus de 300 euros de Catherine.

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« Ils ont tout détruit, on nous a tout enlevé. C’est comme si c’était le dernier des terroristes. J’espère que le juge administratif est plus humain que le préfet [de Haute-Saône]. On s’aime depuis 16 ans, sans vouloir se marier, et on va être obligés de le faire », déclare la mère de famille qui dénonce le racisme dont ses enfants sont victimes depuis l’expulsion de leur père. « Ma fille m’a rapporté qu’un ami à elle lui avait dit “retourne dans ton pays”. Mes deux enfants ont dû se justifier face à des mensonges, comme quoi leur père serait en prison pour des vols, ça me révolte ».

La concubine d’Hassan Youssefi assure que le Marocain a « été soigné de ses addictions depuis longtemps » et demande « plus d’humain à la justice ». « S’il fallait expulser toutes les personnes qui boivent et fument en Haute-Saône, il n’y aurait plus grand monde ». Catherine Geth et son avocate plaident pour le retour en France d’Hassan Youssefi dans les meilleurs délais. « Les multiples condamnations et séjours en prison sont antinomiques de l’intégration dans la société », indique pour sa part la préfecture de Haute-Saône.