Visas, les Marocains se sentent "humiliés"

14 août 2002 - 23h06 - Maroc - Ecrit par :

Le refus est presque systématique, et la manière souvent désagréable.
Les problèmes des citoyens marocains avec les visas en général et ceux d’entrée aux Etats européens en particulier ne cessent de s’aggraver. Avec les files d’attente qui se prolongent aux abords des consultats des pays de l’Union s’installent beaucoup de frustrations de personnes appartenant à tous genres et catégories sociales.

A Casa, où tous les pays possèdent leurs consultats, c’est tôt dans la matinée que la journée se décide pour les candidats aux visas. Pas seulement des Casablancais, mais aussi des citoyens venus d’autres régions se trouvent acculés à faire plusieurs déplacements avant d’avoir la réponse (positive ou négative). Récemment au Parlement, des députés avaient signalé au ministre des Affaires étrangères une aberration à laquelle des consultats font recours en signalant le rejet du visa au demandeur en tamponnant ou écrivant sur les pages de son passeport la décision de rejet. Une pratique qui entrave la possibilité pour celui-ci d’obtenir un visa d’entrée pour d’autres pays et constitue une violation du droit international.

Au Maroc, même les demandes des visas pour les Etats-Unis longtemps régies par des règles strictes mais transparentes se sont trouvées perturbées par les décisions américaines prises au lendemain du 11 septembre 2001. Par contre, cette date fatidique a donné libre cours à plus d’arbitraire pour les consultats européens où déjà les restrictions progressives des législations sur l’immigration étaient installées.

Les voyageurs pour raisons médicales ou professionnelles sont avec les étudiants la principale victime de ces tracasseries ; des citoyens qui sont tenus par le respect de rendez-vous ou d’échéances précises pour des soins, opération chirurgicales, analyses, dépôts de dossier, passages de concours ou d’examens etc, trouvent leurs projets compromis par des renvois, rejets, tracasseries bureaucratiques exécrables en plus des humiliations en tout genre dont raffolent certains personnels consulaires.

Des données personnelles sur les candidats pour les visas sont exigées par les fonctionnaires chargés d’examiner les dossiers. Une liste longue de documents parmi lesquels une série de "garanties" dont une seule suffirait amplement à répondre aux vrais soucis de solvabilité et de sécurité des personnes. Double emploi, voire triple et quadruple. Les citoyens demandeurs sont obligés pourtant de se plier à ce diktat pour franchir le rubicond. Prise en charge à l’arrivée, prise en charge au départ, garantie bancaire, assurance et puis à la fin des fins une décision sans appel, pas de justification pour les rejets formulés, pas d’arguments ni d’explications.

Le cas du consulat de France à Fès est un exemple du calvaire qu’endurent les citoyens. Chargée de traiter les dossiers de gens venus de Figuig, Al Hoceima, Oujda, Taza, Bouarfa, Errachidia, Boulemane, Meknès, cette institution de l’Etat français a inauguré récemment une politique des plus restrictives. Résultat : Une foule entassée et entourée de barreaux de fer avec des panneaux d’indications tout au long du « labyrinthe » parcouru sous le contrôle des éléments de la police marocaine. L’activité de l’avenue Abou Obeida Al Jarrah commence aux premières heures du jour et dure quatre heures avant de parvenir à placer le dossier dans un guichet et obtenir un numéro. Toutes les astuces sont valables pour interrompre le parcours du combattant. Un jour ce sera la panne d’ordinateur, un autre une altercation au sein de la file d’attente ou encore le retard et l’absence d’un fonctionnaire, etc. Bref, des familles entières venues de loin sont obligées de revenir plusieurs fois à chaque petit matin pour obtenir le fameux visa. Des citoyens viennent d’ailleurs de lancer une pétition adressée aux responsables marocains et français pour traiter la crise « fassie ».

Les signataires de ce document accusent les fonctionnaires du consulat de s’adonner à des humiliations et d’agir avec discrimination dans le traitement des dossiers. Mais la plupart des consulats européens sont désormais peu appréciés de la part des citoyens demandeurs. On évoque ainsi le cas des consulats espagnol, italien, belge, allemand, hollandais Chacune des victimes a son propre récit qui converge vers un constat réel : l’Europe de l’Union veut réduire le flux humain entre elle et notre pays. Entre la libre circulation des marchandises et celle des personnes, l’UE a décidé de se contenter exclusivement de la première option. Un choix qui relativise amplement le sens de l’accord dit d’association.

Liberation

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