Vacances : Tous à l’étranger

22 juillet 2007 - 01h09 - Maroc - Ecrit par : L.A

Visa, paiement électronique, prix du transport aérien, dotation touristique limitée… les embûches que rencontrent les Marocains pour s’offrir des vacances à l’étranger ne manquent pas. Pourtant, ils sont de plus en plus nombreux à se laisser séduire par une escapade estivale loin du pays.

Formulaire rempli, numéro de carte bancaire internationale saisi… et le tour est joué ! Samir réserve, sur Internet, son aller-retour Marrakech – Madrid pour la modique somme de 249 dirhams. C’est bon pour le budget : la capitale espagnole n’est que la première escale de ses
vacances. “Je resterai deux jours à Madrid avant de partir en République Dominicaine pour une semaine. Un séjour que j’ai payé 750 euros sur le Net”, explique Samir, qui bénit jour et nuit la Poste française de l’avoir doté d’une carte de paiement internationale. Depuis, il n’est séparé des offres de voyages sur le Web que par un simple clic. Et cet énorme avantage, Samir l’a bien ressenti sur son budget vacances. “Déjà pour les Caraïbes, les offres sont très rares à partir du Maroc. Et quand on en trouve, c’est tout simplement hors de prix : au moins 25% plus cher que les offres espagnoles”, explique l’homme, qui a passé des heures à naviguer sur les sites des tours opérateurs ibériques.

Adil, de son côté, a trouvé le moyen de contourner la problématique du paiement électronique. Il emprunte tout bonnement les coordonnées bancaires d’une cousine MRE, qui accepte le remboursement en dirhams de la somme prêtée. Cet été, Adil a jeté son dévolu sur la Thaïlande. Et lui aussi semble avoir fait de bonnes affaires. “Les offres instantanées de certains hôtels, qui baissent leurs tarifs de 50%, permettent de se payer un circuit sur mesure, bien plus intéressant que celui proposé par des agences marocaines. Et pratiquement au même prix”, explique-t-il. En fait, avec l’arrivée de compagnies aériennes comme Emirates ou Qatari Airways, la destination Thaïlande s’est bien installée dans le circuit commercial au Maroc. Aujourd’hui, les plus grandes agences de voyages locales proposent des voyages organisés. Prix moyen : environ 12 000 dirhams (hors taxes) pour deux semaines de villégiature. Et visiblement, la formule accroche : “Nous avons en moyenne un départ tous les 3 jours”, confie Mehdi Rouissi, directeur commercial de Transatour.

Les destinations phares

Produit en plein développement, la Thaïlande reste toutefois loin d’être le best-seller des destinations vendues par les agences de voyages. À en croire Faouzi Zemrani, président de la Fédération Nationale des Agences de Voyages du Maroc (FNAVM), c’est plutôt la Turquie qui tient le haut du pavé. “70 000 Marocains se rendent chaque année en Turquie. Certes, dans le lot, il y en a des milliers qui y vont pour affaires. Mais la majeure partie est composée de simples touristes”, assure-t-il. On s’en doute, le succès de la destination est surtout lié à son prix. Et iI y en a pour toutes les bourses, avec des offres démarrant en dessous des 6000 dirhams. Le marché est tellement porteur que le président des voyagistes en a fait une spécialité. Il vient récemment de créer un tour opérateur, Turquoiz Evasion, dédié au pays d’Atatürk. “Nous avons intégré dans notre offre le circuit balnéaire, alors que jusque-là, le produit Turquie était exclusivement culturel et vendu autour d’Istanbul”, explique Zemrani. La formule cartonne : 30 à 40 réservations sont enregistrées quotidiennement sur le site de Turquoiz Evasion. Et encore, ce tour opérateur “out going” espère que l’augmentation du volume lui permettra de réduire considérablement ses coûts. “Si l’on arrive à atteindre les 150 réservations par jour, sur une période de trois mois, nous pouvons carrément affréter des appareils. Il faut savoir que l’aérien représente toujours 40% du coût du voyage”, explique-t-il, espérant dupliquer le schéma pour d’autres destinations.

Autre atout de la Turquie : l’absence de visa. “Cela permet d’avoir parfois des clients qui se décident à la dernière minute”, explique Hamid Rouissi de Transatour. Car le visa constitue parfois un handicap de taille. Même sur des destinations où l’on ne se doute guère que le sésame des frontières poserait problème. Exemple : “Pour l’Egypte, nous recommandons aux femmes célibataires de convaincre un membre de leur famille de les accompagner. Sinon, les autorités égyptiennes leur refusent souvent le visa”. Malgré cela, le pays des pharaons figure toujours en bonne place dans le hit-parade des destinations prisées par les Marocains. Selon les estimations de la Fédération des voyagistes, entre 15 et 20 000 Marocains s’y rendent annuellement. “La clientèle pour cette destination est plutôt de la classe moyenne. La proximité culturelle véhiculée à travers les feuilletons et films égyptiens joue énormément en faveur de ce produit”, répètent en chœur les voyagistes.

Pour autant, le pays qui accueille le plus important contingent de touristes marocains reste l’Espagne. 70 000 personnes au moins (le record de 100 000 aurait même été atteint) traversent annuellement le Détroit, pour prendre d’assaut les stations balnéaires de la Costa Del Sol. “Les gens y ont pris leurs habitudes. Plusieurs Marocains y ont même investi dans une résidence secondaire”, explique-t-on. Problème, ce segment échappe aux agences de voyages : “C’est à peine si on arrive à placer quelques nuitées dans les hôtels espagnols, explique Mehdi Rouissi. Ce qui marche le plus pour cette destination, c’est d’abord la location d’appartement”.

Une affaire de sous

L’engouement des Marocains pour les destinations étrangères ne se dément pas. Et si, au sein de la Fédération des voyagistes, aucune statistique officielle n’est avancée, les chiffres de l’Office des changes sont éloquents. En 2006, les dépenses de voyages de tourisme se sont élevées à 2,4 milliards de dirhams, ce qui fait au moins 160 000 vacanciers, contre 1,5 milliard de dirhams seulement en 2001. Mais cette augmentation des dépenses en devises ne se justifie pas uniquement par le nombre croissant de voyageurs. Elle intègre aussi la révision à la hausse de la dotation touristique autorisée par l’Office des changes : de 15 000 dirhams, il y a à peine trois ans, elle est passée en avril dernier à 20 000 dirhams. Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Sur certaines destinations, il est quasiment impossible de se contenter des 20 000 dirhams de la dotation légale. Surtout que les agences de voyages ponctionnent désormais, sur cette réserve, le coût du voyage (hors prix d’aérien). Heureusement, pour trouver des devises, il n’y a pas besoin de négocier avec son banquier. Secret de polichinelle : les bazaristes casablancais sont plus doués comme cambistes que comme vendeurs de tapis. Souvent même, leurs taux de change sont plus avantageux que ceux des banques. Comme quoi, pour partir en vacances, les solutions ne manquent pas…

Haute saison : Sacrées vacances de ramadan

“En raison du ramadan, nous n’avons pas pu, cette année, caser beaucoup d’offres pour le mois de septembre”, confie ce voyagiste. A cause du mois sacré, attendu dès la première semaine de septembre, la haute saison estivale pour les agences de voyage se retrouve considérablement raccourcie. “L’accroissement du chiffre d’affaires réalisé sur la Omra pendant le mois de ramadan est significatif. Mais le manque à gagner sur la période estivale n’est pas négligeable non plus”, souligne Faouzi Zemrani. Les années à venir, l’impact de ce télescopage des calendriers grégoriens et de l’Hégire sera évidemment encore plus important. Du coup, les voyagistes tentent d’ores et déjà d’anticiper cette nouvelle donne. “Nous sommes en train d’explorer de nouvelles destinations, en mettant le paquet sur les pays musulmans : Sénégal, Jordanie, Syrie et même le Liban”, explique le président de la FNAVM. Certaines agences ont même commencé à tester des offres commerciales sur certaines de ces destinations. Cette année, par exemple, le Sénégal a fait son apparition sur les brochures des voyagistes. Mais l’offre n’aurait pas rencontré le succès escompté.

TelQuel - Fahd Iraqi

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