À 39 ans, le chanteur marocain Abdelhafid Douzi pourrait rapidement tirer un trait sur sa carrière musicale. Il a par ailleurs annoncé qu’il se retirait du jury de l’émission « Star Light », dédiée à la découverte de talents musicaux.
Plus de 15.000 personnes ont bravé le froid glacial dimanche à Amsterdam pour assister à un concert de l’unité donné par des stars néerlandaises et d’origine marocaine afin de rapprocher les communautés trois semaines après l’assassinat du réalisateur Theo van Gogh.
"Nous sommes ici parce que ça va mal mais c’est important et positif de voir que vous êtes là, ensemble, pour former un front commun", lance Ali B., un Néerlandais d’origine marocaine devenu en quelques mois la star montante du rap.
A quelques pas du Rijksmuseum, sur la place des musées, le public, joyeux mélange de jeunes Néerlandais de souche et d’origine maghrébine, de familles et d’adolescents applaudit à tout rompre et tente d’oublier le vent et la température de 4 degrés.
L’assassinat du réalisateur Theo van Gogh, critique virulent de l’islam, le 2 novembre dernier dans une rue d’Amsterdam, a entraîné une montée des tensions communautaires aux Pays-Bas. Son assassin présumé est un Néerlandais d’origine marocaine, Mohammed Bouyeri, né et élevé à Amsterdam, qui aurait agi au nom de l’extrémisme islamiste.
Après son arrestation, la communauté musulmane a été victime de représailles avec des profanations et des incendies de mosquées ou d’écoles islamiques qui n’ont pas fait de victimes. Des églises ont également été visées par des tentatives d’incendie.
Le fossé entre Néerlandais de souche et Néerlandais d’origine maghrébine a rarement été aussi grand, selon de nombreux observateurs.
"Avec d’autres artistes néerlandais célèbres de toutes origines, nous avons voulu faire ce concert pour donner l’exemple et protester contre les réactions exagérées après l’assassinat de Theo van Gogh" qui ont souvent visé toute une communauté, explique à l’AFP Norman Bonink du groupe pop néerlandais Blof, un des plus célèbres des Pays-Bas.
"La musique ne fait pas de différence, ce n’est pas nous et eux, mais nous, Néerlandais de toutes origines ensemble", ajoute-t-il.
Sur scène, Blof, un des groupes les plus applaudis par le public, jouera un de ses tubes intitulé "serrer dans ses bras".
Quelques minutes avant, Ali B. rappant "avec fierté en néerlandais", a déchaîné l’enthousiasme, prouvant son immense popularité auprès des jeunes qu’ils soient Néerlandais de souche ou d’origine marocaine.
"C’est vraiment mon rappeur favori. Je suis d’abord venu pour lui", confie Jennifer, douze ans, longs cheveux blonds et blouson orange couleur des Pays-Bas, en ajoutant qu’elle ne remarque pas tant de tensions dans la vie quotidienne. "J’ai une bonne amie allochtone (d’origine étrangère)", tient-elle à faire remarquer.
Ali B, 23 ans, qui aborde dans ses textes les difficultés rencontrées par les jeunes immigrés, espère que ce concert de l’unité "permettra de donner l’exemple".
Le public qui arbore des badges oranges affirmant "nous n’acceptons pas cela", en référence à l’assassinat brutal de Theo van Gogh pour ses idées, semble convaincu. "C’est important un tel concert car cela rapproche et montre que malgré les différences nous devons rester unis", souligne Chris, un collégien venu de Bussum au nord d’Amsterdam.
"C’est un signe qui montre que les gens doivent rester unis, qu’ils soient catholiques, homos, musulmans, juifs ou autres. Mais il y a déjà beaucoup de gens qui pensent cela aux Pays-Bas", estime Mohamed Zammouri, un éducateur de prison.
Afp
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