Au Maroc, le secteur de la location de voitures reste impacté par une offre en hausse, des achats importants de véhicules, et l’informel.
L’entrée surprise du groupe Alliances à hauteur de 50% dans le tour de table de la société aménageur développeur de la station Lixus (Larache) pour un montant de 337 millions de dirhams relance la polémique sur les destinées de la Vision 2010 au Maroc. « C’est une excellente nouvelle pour le tourisme marocain », dénote tout de go Driss Faceh, président du Conseil régional du tourisme de la ville de Fès, qui espère, avec l’arrivée d’Alliances, « leader de la construction d’hôtels au Maroc disposant d’une quasi-exclusivité sur tous les chantiers d’Accor Maroc, voir une relance de ce projet touristique qui accuse du retard comme toutes les autres stations du Plan Azur. »
Un enthousiasme pondéré par Abdelhadi Alami, l’un des initiateurs du Palais des Congrès de Marrakech où furent signés les accords du GATT en 1995 : « N’ayant pas le contrat de cession en main, il m’est difficile de me prononcer », tranche le doyen qui s’interroge en revanche sur l’orientation immobilière prise par le Plan Azur dans son ensemble.
Terrains à prix d’or
Le débat fait rage actuellement dans la profession hôtelière et touristique en général. Pour certains, il urge de recadrer la vision afin qu’elle soit d’abord touristique et non immobilière en rappelant la sacerdoce partagée par tous les cabinets de consulting orientés sur le secteur : « Le projet touristique réussi, c’est 50% d’objectifs et de délais et 50% de rêve. »
Pour l’heure, la spéculation semble avoir pris le pas sur le rêve. Les investisseurs internationaux comme Orco, Fadesa, entre autres, cèdent à prix d’or des terrains acquis à prix symboliques dans le cadre des conventions signées avec le Maroc. « Après tout, c’est leur droit. Ces investisseurs étrangers y ont cru dès le départ. Il y a huit ans, le Maroc ne comptait pas de grands groupes capables de prendre de tels risques. Même les banques n’ont rejoint le projet que plusieurs années après, quand elles ont vu que les choses allaient au mieux et que le risque s’était amenuisé », rappelle cet ancien délégué de l’Office national marocain du tourisme qui cite de nombreux fonds d’investissement à vocation touristique lancés dernièrement par ces institutions bancaires.
Un ministre absent du front
En l’absence d’un observatoire et d’un suivi des chantiers, le ministre du Tourisme, Mohamed Boussaid, qui a la lourde tâche de faire oublier Adil Douiri, son prédécesseur, se voit invité à prendre les choses en main en étoffant l’amont du secteur de l’ingénierie nécessaire au contrôle des œuvres. Au niveau des services en aval, les gestionnaires de ces méga projets ne sont pas encore là, déplore l’un des protagonistes de la Vision 2010, qui estime que, malgré sa mise en avant, le secteur touristique a du mal à attirer suffisamment de cadres. « Et ce n’est pas le contrat de formation laborieusement signé avec l’OFPPT (Office de formation professionnelle) qui risque de nous démentir en étoffant le secteur de grands manageurs dont il a besoin. » Autant d’attentes et de chantiers qui ne manqueront pas de remonter en doléances jusqu’au Ministère du tourisme qui devait normalement penser aux secondes œuvres de la Vision 2010.
Or, depuis son arrivée à la tête de ce département, auréolé d’un bilan respectable de l’opération « Départs volontaires » qu’il a orchestrée à la tête de la Modernisation publique, le nouveau ministre donne l’impression de chercher ses marques, de moduler sa voix pour trouver le juste ton qui sied à la promotion du produit Maroc.
Utilisation de la manne
L’Office national marocain du tourisme, qui dispose désormais d’un nouveau directeur général, venu du secteur des télécoms, a vu son budget fortifié d’une dotation supplémentaire de 300 millions de dirhams en trois ans grâce au lobbying de Douiri, qui a obtenu de l’Etat le relèvement de la TPT (taxe de promotion touristique). Quant à l’utilisation de cette manne, partagée entre l’effort de promotion et le co-marketing, elle fait naturellement objet de commentaires en ces temps de récession. Pour les professionnels, qui bénéficient d’un sursis de six mois pour payer la fameuse TPT, toute nouvelle relance de la politique de promotion ne doit pas faire l’économie du bilan des contrats de co-marketing qui consistent à partager les coûts de promotion de certains grands tour-opérateurs et compagnies aériennes programmant le Maroc. « Un parfum de concurrence déloyale, vu que, ni la Royal Air Maroc, ni les agences de voyages marocaines ne peuvent en bénéficier », rappelle ce voyagiste.
En clair, la Vision 2020 actuellement en cours de réalisation devra certainement reprendre en compte toutes ces carences, en introduisant des garde-fous et un cahier des charges obligeant les investisseurs au respect des critères environnementaux sur le littoral marocain. Mais on n’en est pas encore là, comme le démontre l’appétit du Sud-Africain Fadesa (leader du consortium aménageant la station Azur) déterminé à s’octroyer 130 km d’exclusivité sur le littoral menant d’El Jadida à Rabat pour son futur casino géant.
Source : Les Afriques - Adama Wade
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