Épinay-sur-Seine : Bouchra, poignardée par son ex-compagnon
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La fille de Bouchra, la quadragénaire marocaine poignardée à mort par son ex-compagnon au pied de son immeuble à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), a livré un témoignage glaçant.
Moment d’intense émotion jeudi 10 octobre aux Assises de Seine-Saint-Denis. À la barre, Anissa*, la fille de Bouchra, qui réclame sa mère. « Je veux revoir ma maman », se lamente l’adolescente de 17 ans, avant de s’effondrer. Elle pleurait au point de susciter l’émotion de l’assistance. Elle raconte sa vie de famille, puis les violences exercées par l’accusé sur sa compagne, jusqu’à son meurtre sauvage en bas de chez elle le 26 novembre 2021. « On était une famille normale, il y avait des moments joyeux. Mais certains ont une connotation bizarre. Par exemple, mon père nous faisait gratter ses tickets de jeux. Il lui est déjà arrivé de voler notre argent pour en acheter », relate l’adolescente.
Enfant, Anissa ignorait l’addiction de son père au cannabis : « Je sentais l’odeur des joints, mais pour moi, c’était dans l’habitude. Les couteaux et les katanas qu’il y avait dans la maison, on trouvait ça aussi normal ». Sa mère réussissait à dissimuler les violences conjugales dont elle était victime : « Elle nous faisait sortir de l’appartement ou nous envoyait dans notre chambre avec le casque dans les oreilles ». En 2021, alors que la situation allait de mal en pis, son père Khalid F. jouait la victime : « C’est un acteur hors du commun. Il pleurait en nous disant que ma mère le chassait de la maison. Je me demandais pourquoi elle était aussi méchante, et puis un jour, elle m’a raconté les violences qu’elle subissait ».
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En juin 2021, Bouchra porte plainte contre son mari pour violences. Le mois d’après, il écope de six mois de prison ferme pour violences conjugales, violation de domicile et menaces de mort. Le juge avait également interdit à Khalid de s’approcher de Bouchra qui subissait des violences verbales et physiques de la part de son ex-compagnon depuis 2019. Pour protéger la victime, la justice lui a donné un smartphone disposant d’une touche d’alerte pour prévenir les secours en cas d’agression. Un soulagement pour la mère de famille. « Ma mère était plus apaisée. D’habitude, elle souffrait de migraines, et là, elle n’avait plus rien », se souvient Anissa. Mais c’était une accalmie éphémère. Khalid a été libéré début octobre, après deux mois d’incarcération à la prison de Fleury-Mérogis. À sa sortie, il s’est rendu au domicile de son ex-compagne.
« À ce moment-là, j’étais seule avec ma sœur. Il avait une manière très à lui de sonner à la porte, et j’ai tout de suite su que c’était lui . J’ai fait bouger la porte, et il a compris qu’il y avait quelqu’un à l’intérieur. Il est finalement reparti », relate l’adolescente de 17 ans. Il repart chez son ex-compagne et tombe sur elle. La quadragénaire avait entre-temps activé l’alerte sur son téléphone, ce qui a permis l’interpellation et le placement en détention de son ex-conjoint. Alors qu’il devait ressortir en décembre, il est libéré le 26 novembre, sans que sa famille soit mise au courant. Son ex-conjointe était à mille lieues de savoir que son ex-compagnon était sorti de prison. Khalid se rend chez elle. « Au moment des faits, Anissa est chez elle avec sa sœur. Elle est au téléphone avec sa mère, qui arrive en bas de l’immeuble. C’est à ce moment que Khalid F. surgit », rapporte Le Parisien.
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« Elle s’est mise à hurler mon nom. Je pensais qu’on la kidnappait, ou que mon père avait envoyé quelqu’un pour la tuer, raconte Anissa. Je coupe l’appel, et j’essaie d’appeler la police, mais je n’y arrive pas. Je sors de l’appartement et je me mets à hurler de toutes mes forces. Une voisine a ouvert sa porte. Je lui ai confié ma sœur et j’ai rappelé la police qui est venue ». Dans la foulée, son père poignarde à plus de 30 reprises sa mère. Celle-ci succombe à ses blessures. « J’étais avec les policiers et je regardais mon téléphone. C’est là que j’ai vu qu’un ami avait relayé un article de presse qui parlait d’une femme tuée, avec une photo de mon immeuble. Les policiers m’ont pris le téléphone. Je me suis effondrée ». L’homme de 54 ans avait planifié le meurtre de son ex-compagne depuis la prison. « Il disait qu’il allait tuer sa femme dès qu’il sortirait de prison. Il en a parlé tous les jours pendant un mois », a confié à la cour un ancien co-détenu mercredi.
En attendant le jugement qui sera rendu le ce vendredi 11 octobre 2024, Anissa vit dans la peur. « Rien que de parler de lui, j’ai des frissons. Je sais que si demain il sort de prison. Son seul objectif, ça sera de me tuer ».
*Prénom modifié
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