Dans un entretien à TV5 Monde, Anissa Rami, journaliste spécialiste du rap revient sur les origines du rap marocain et son évolution dans le temps.
Nous sommes en plein Maârif. La fièvre du shopping bat son plein en cette heure de la journée. Il est 17h et le passage par ce quartier marchand semble incontournable pour les jeunes et les moins jeunes après l’école ou le travail.
Dans le coin très convoité du Mc Do, des dizaines d’ados se retrouvent ici chaque fin d’après-midi. Avec leurs looks originaux, leurs coiffures « freaky » et leurs attitudes de stars, ils imposent leur présence. Il faut dire que les moins habitués au Maârif s’arrêtent quelques minutes pour bien regarder la scène. Des filles et des garçons, qu’on croirait habillés dans la même boutique, défilent non-stop sur la chaussée.
De temps à autre, l’un d’eux se lance dans une petite démonstration de ces derniers pas de danse appris dans une nouvelle vidéo de Youtube. En fait, ce qui unit ces jeunes, c’est leur passion pour la tecktonik. Une danse, un look, un style, un phénomène de société… la tecktonik est tout cela à la fois. Le mouvement s’est répandu cette année comme une traînée de poudre. Il a fallu quelques mois seulement pour que cette nouvelle danse envahisse les « dance floors » et les pages électroniques du web. Elle est devenue aujourd’hui la nouvelle tendance des ados. Après son succès en Europe, le phénomène tecktonik a désormais conquis les rues des villes marocaines. « C’est vrai qu’on adore la tecktonik, on n’est considéré aujourd’hui « in » que si on adhère à ce mouvement. Tous les copains écoutent les mêmes chansons, s’habillent de la même façon, accèdent aux mêmes sites Internet et se défient pour savoir qui est le meilleur danseur », nous confie Hanane, une lycéenne.
A l’origine, la tecktonik est une compilation de mouvements atypiques inspirés de diverses danses électroniques et du hip-hop adaptés au rythme de la techno et des musiques électroniques et du hard-style. Le langage de la tecktonik met en jeu la désarticulation du corps, avec une propension à l’accélération extrême de l’exécution. Concrètement, cette danse s’articule autour d’une palette de mouvements corporels et de figures gestuelles que l’exécutant combine librement, y ajoutant des éléments personnels, voire empruntés à d’autres danses. Ce qui lui donne un aspect assez souple.
Des raisons qui expliquent le grand engouement des jeunes. « On peut danser la tecktonik dans la rue quand on est avec ses potes, en boîte sur des musiques très tendance. En plus, on peut y ajouter de nouvelles figures que nous créons nous-mêmes », explique Badr, 18 ans.
Selon Céline Haddou, professeur de danse, « La tecktonik est une danse qui touche plus les jeunes parce qu’elle les défoule mieux, elle se danse sur une musique qu’ils connaissent et qu’ils aiment. On y trouve beaucoup de rapidité et d’improvisation. En plus, c’est un mouvement de mode qui va avec le look. Il y a tout un style qui se crée autour de ça. »
Certains traitent la tecktonik comme étant la danse des lâches, et ce, parce que ses mouvements restent plus ou moins faciles par rapport aux figures de Hip Hop et de Break Dance qui nécessitent plus de conditions physiques et de force.
Loin de la danse et l’aspect technique de la chose, le Techtonick s’impose comme une mode vestimentaire. Jean slim, T-shirts moulants et sweat-shirts à capuchon avec imprimés funky ou rétro avec une prédominance du noir et blanc sont les indispensables des vêtements des adeptes de la tecktonik. Pour les chaussures, ce sont surtout les Vans et les Converses qui sont les plus prisées. Du côté des cheveux, ce sont les coupes Funk (pic et fixation maximale) qui reviennent au-devant de la scène chez les tecktonik addicted.
Dernière-née des danses urbaines, la tecktonik a encore de beaux jours devant elle, mais est-ce qu’elle finira par devenir une danse de spectacle ? Rappelez-vous du Hip Hop. A l’origine, c’était une danse de rue qui s’est développée au fil des années en un art de spectacle et de fête. Quoiqu’il en soit, avec le temps, on saura si la tecktonik n’est qu’un effet de mode ou un art qui trouvera le chemin de sa pérennisation.
Des figures spécifiques
Une des figures de la Techtonik est devenue emblématique de toute la danse. Elle consiste à exécuter avec le bras un mouvement enveloppant autour de la tête : on avance la main vers le cou, près de l’oreille, pour l’engager sur la nuque en direction de l’autre oreille pendant que l’avant-bras passe par-dessus la tête. Un mouvement perçu comme une stylisation du geste consistant à s’appliquer du gel dans les cheveux.
La tecktonik se danse en solo, même s’il arrive qu’un danseur soit juché sur les épaules d’un autre, ou bien les jambes enserrant la taille d’un autre danseur et le buste basculé vers le sol. La tecktonik fait aussi partie des danses de spectacle. Elle est vécue comme telle par les personnes s’attroupant autour du danseur pour apprécier sa prestation, voire exécutée devant une caméra en vue d’être diffusée à la télévision ou sur les vidéos sites d’Internet.
Le Matin - Khadija smiri
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