Tanger : la main d’oeuvre marocaine, des esclaves au service des industriels étrangers

31 juillet 2019 - 09h00 - Maroc - Ecrit par : K.B

L’industrie du textile représente le premier pôle, dans la pyramide des investissements étrangers, à Tanger. Plus de 80.000 emplois directs ont été créés par les sociétés du secteur, induisant une très bonne dynamique économique et sociale, pour des conditions déplorables de travail.

Les mesures incitatives mises en place par l’État marocain ont attiré un grand nombre d’investisseurs étrangers, avides de gains rapides. Profitant des exonérations fiscales et du faible coût de revient de la main d’oeuvre, les industriels du textile commettent des excès, en imposant un statut de travail inéquitable, loin des normes et des standards reconnus.

Les ouvriers se voient imposer un régime de travail draconien. Exerçant pendant plus de 9 heures d’affilée, ils doivent se conformer aux quotas de production, qui avoisinent les 250 pièces par heure et par chaîne de production. A défaut, l’ouvrier est exposé au harcèlement et à une déferlante d’insultes de la part des responsables. La menace de licenciement n’est pas exclue, en cas de protestations.

Payés en dessous du SMIG, les ouvriers ne bénéficient d’aucune prime sur objectifs ou pour motivation. A l’inverse, ils sont souvent victimes de prélèvements injustifiés sur le nombre des heures de travail effectuées. Les conditions de travail ne sont pas conformes aux normes et ne respectent guère les mesures de sécurité et d’hygiène. Les premiers secours et les issues d’urgence font défaut. De même, les toilettes communes sont limitées en nombre.

En outre, les ouvriers sont recrutés sans contrat de travail et ne bénéficient pas d’une couverture sociale ni d’assurance maladie, ce qui les expose aux risques de licenciement abusif et aux retombées graves des accidents de travail. Au vu de ces excès, il devient légitime de s’interroger sur le rôle de l’État et des syndicats dans la protection de cette frange de population.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Investissement - Emploi - Tanger Métropole - Esclavage moderne

Ces articles devraient vous intéresser :

Mohammed VI et le pari gagnant de l’ouverture en Afrique

Le Maroc a connu une croissance économique assez soutenue depuis 2000, après l’accession au trône du roi Mohammed VI. Le royaume prend des mesures pour attirer les investissements étrangers et devenir une grande puissance régionale.

Médecins maghrébins en France : l’exil comme solution ?

Après une percée au premier tour des législatives françaises, la perspective de voir le Rassemblement national (RN) présidé par Jordan Bardella, qui place l’immigration au cœur de la campagne électorale, remporter la majorité absolue le 7 juillet,...

Investissements massifs au Maroc, 76,7 milliards de dirhams, 20 000 emplois

La Commission nationale des investissements a donné son aval à une série de 21 projets. L’investissement global de ces projets s’élève à 76,7 milliards de dirhams, l’équivalent de 6,98 milliards d’euros, selon un communiqué officiel du gouvernement.

L’Europe délivre un nombre record de permis de travail aux Marocains

Eurostat, institution relevant de la Commission européenne chargée de produire et diffuser des statistiques communautaires, a dévoilé le nombre de Marocains ayant obtenu les permis de travail temporaire en 2023.

MRE : des milliards qui boostent les banques, mais pas l’économie

Malgré leur hausse continue, les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ne contribuent pas à la croissance économique du Maroc, révèle un récent rapport gouvernemental, notant que la part de ces fonds dédiée à l’investissement reste...

Les Marocains boudent le statut d’auto-entrepreneur

Malgré les incitations à l’auto-entreprenariat, les chômeurs préfèrent chercher un emploi salarié, révèle Bank Al-Maghrib (BAM) dans un récent rapport.

Investissement privé au Maroc : la banque mondiale sonne l’alarme

L’investissement privé est en chute libre au Maroc. C’est du moins ce que révèle la banque mondiale dans son nouveau rapport de suivi de l’économie marocaine.

Statut d’auto-entrepreneur au Maroc : après l’euphorie, le flop ?

Lancé en 2015, le statut auto-entrepreneurs semble ne plus être une solution à l’informel et au chômage. Le bilan en est la parfaite illustration.

Un milliardaire marocain a de grandes ambitions en Afrique

Le milliardaire américain d’origine marocaine Marc Lasry, président directeur général d’Avenue Capital Group, investit depuis une dizaine d’années dans le domaine du sport. Après avoir été copropriétaire de l’équipe de basketball des Milwaukee Bucks de...

Spirit Aerosystems renforce ses effectifs marocains

Après une pause en 2021, les recrutements ont repris au Maroc chez l’Américain Spirit Aerosystems, leader mondial de la fabrication des aérostructures pour l’aviation civile et militaire. Déjà de dizaines de personnes recrutées.