La participation de Saad Lamjarred à la 19ᵉ édition du Festival Mawazine, prévue du 21 au 29 juin prochain, semble compromise. Des sources proches des organisateurs ont révélé l’échec des négociations entre les deux parties.
En retard d’une demi-heure, Steph Ragga Man s’excuse d’un large sourire et d’une poignée de main chaleureuse. La faute à la circulation infernale de Casablanca. Difficile de s’emporter face à son air jovial et sa bouille enfantine. Steph Ragga Man s’adresse à vous comme à un vieux pote. A peine les formules d’usage terminées qu’il se lance dans des confidences sur ses tracas quotidiens comme ses problèmes de cœur ou l’état de santé inquiétant de son père. Pas besoin de poser de questions. Le roi du Ragga marocain se livre sans détour.
Derrière cette carrure imposante enveloppée dans une veste en cuir couleur tabac, un tee-shirt large kaki et un jean bleu se cache un être d’une grande sensibilité comme il se plaît à le répéter tout en tirant sur sa barbichette. C’est aussi un jeune homme de 26 ans heureux de vivre. « J’aime la vie et elle me le rend bien. Jusqu’à aujourd’hui, elle ne m’a réservé que de bonnes surprises. »
De son vrai nom Mustapha Boukrouna, Steph Ragga Man n’est pas à plaindre. Son single Bounce Bounce, produit par Clic Records, à peine sorti dans les bacs, passe en boucle dans les stations radios nationales. Ses autres chansons Lbayda Nayda lancée en mars 2007 ou Mama Africa, en mai 2007, sont aussi des succès. Son secret : une musique entraînante, porteuse d’un message de joie et d’amour. « Mon but est de faire rêver. La réalité marocaine, les jeunes la connaissent. Je n’ai pas besoin de la leur rappeler. »
Et son engagement politique ? « Ma chanson sur le vote est plus un acte de citoyenneté. Je ne me reconnais dans aucun parti politique. Le 7 septembre, j’ai voté blanc. »
Mais, son rêve, le plus fou peut-être, est de créer un parti. Un parti des verts. Sinon son rêve le plus réaliste est de vivre de sa musique. Sa passion de toujours. Originaire du quartier mythique Hay Mohammadi à Casablanca, celui-là même qui a vu naître Nass El Ghiwane et Lemchehab, Steph Ragga Man a choisi le rap pour exprimer ses peurs, ses déceptions et ses ambitions.
Son groupe Technique Black remporte le premier prix de la première édition du Boulevard des jeunes musiciens, la manifestation de référence au Maroc du mouvement musical underground, en 1998. Il s’y reproduira, une année plus tard, avec un autre groupe, Mafia C, qui compte parmi ses membres un certain Bigg. Son bac en poche, en 1999, sa carrière de rappeur est mise en veilleuse. « La musique ne fait pas vivre son homme. En plus, je ne voulais pas passer pour un loser aux yeux de mes parents. »
Quatre ans à l’Ecole Normale Supérieure, Steph Ragga Man est affecté comme professeur de sport au Lycée Razi à Taddart, un village célèbre pour ses tapis, à 85 km d’Ouarzazate. Là-bas, il mène une vie tranquille, presque monotone. Le sport ne lui suffit plus pour trouver son équilibre. Il décide de retrouver son premier amour : la musique.
Avec le compositeur Hamid Daoussi et des DJ marocains et français, il crée un nouveau style. Du Ragga 100% marocain.
Son come-back ne date que de huit mois, mais déjà Steph Ragga Man a fait vingt-deux scènes et a à son actif quatre titres. Son album est à découvrir en janvier 2008.
Maroc Hebdo - Loubna Bernichi
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