En l’espace de deux ans, Savola a pu gagner près de 10% de part de marché, gagnés surtout sur le leader du marché des huiles de tables Lesieur. Ce dernier a traversé une période de vache maigre, puisqu’il a été amené à réduire considérablement ses marges afin de ne pas perdre la face. Au passage, Savola a été accusé de dumping. Dans un verdict rendu récemment, les autorités de la concurrence ont donné raison à Lesieur. Savola vendait bien ses produits à un prix plus faible que ses coûts de production. Ensuite en remontant, un peu plus loin, on peut se rappeler la décision des chaînes Acima et Marjane, qui appartiennent au même groupe que Lesieur, à savoir l’ONA, de ne plus distribuer les produits de Savola. Les dirigeants des deux chaînes de grande distribution avaient alors basé leur décision sur la décision de justice qui avait également condamné encore une fois Savola. Ce dernier avait été convaincu de pratique à même de tromper les clients puisqu’il affichait un épi de maïs sur son emballage alors que l’huile n’en contenait qu’une faible quantité.
Les dirigeants de Savola ont vu dans l’ensemble de ces décisions une manière d’empêcher les concurrents du groupe ONA de prospérer au détriment des nombreuses filiales du plus grand groupe privé du pays.
Ils ont naturellement remis en question les nombreux projets qu’ils nourrissaient pour le Maroc. Il faut noter au passage que tous ces projets sont dans des domaines où prospèrent des filiales de l’ONA.
C’est le cas du sucre. Depuis son arrivée au Maroc en collaboration avec le groupe de Mustapha Amhal, Savola avait un œil sur le secteur du sucre. Alors quand en 2005, l’appel d’offres est enfin lancé pour la privatisation des sucreries publiques, les Saoudiens sont de la course.
Mais, ils seront écartés face à la Cosumar. Du coup, le géant détient un monopole de fait. Mais le secteur étant libéralisé concernant le raffinage au Maroc, une alternative s’offre aux opérateurs intéressés par le secteur. Savola s’est alors rapproché du groupe Chaabi. Mais entre temps, les épreuves de sa filiale huile, lui feront changer d’avis. C’est alors que Chaabi décida de faire cavalier seul avant de se raviser. Car, dans le secteur du sucre, contrairement au secteur de l’huile, les marges sont administrées. Il n’est pas possible de commercialiser le kilo de sucre en poudre à plus de 4,2 dirhams. Les opérateurs ne peuvent donc compter que sur le volume. Ce qui est relativement difficile.
La Cosumar a déjà occupé le terrain. Chaabi a alors abandonné son projet de construction d’une usine de raffinage à Tanger. Avec cette annonce, l’action Cosumar s’est d’ailleurs appréciée de près de 30% avant de connaître un repli. Savola, lui, n’a pas laissé son projet, il a préféré s’installer en Algérie à Oran, non loin de la frontière marocaine. Son usine d’une capacité d’un million de tonne donnera du fil à retordre à la Cosumar, même si la frontière terrestre est fermée. Car à Oujda certains villageois consomment du pain fait en Algérie, et transporté à dos d’âne parce qu’il coûte quelque centimes de moins. Et peut-être que ce qu’il faut craindre de plus c’est qu’en perdant l’investisseur Savola, le Maroc perd aussi le réseau de l’un des plus puissants groupe du Golfe.
Gazette du Maroc - M.B.N.