« Au Maroc, les atermoiements français sur le Sahara (alors que l’Espagne et l’Allemagne ont reconnu la souveraineté marocaine) et la politique d’équilibriste du Quai d’Orsay avec l’Algérie poussent le Palais Royal à chercher ailleurs qu’à Paris des partenaires militaires ou économiques », écrivent les sénateurs français dans cette lettre ouverte, démontrant que la France disparait progressivement du continent africain. « Aujourd’hui le Niger, hier le Mali, la Centrafrique, le Burkina Faso ont rejeté la France, les forces françaises, les entreprises françaises. À nos dépens, après l’échec de l’opération Barkhane, voilà les milices Wagner, peu sourcilleuses des Droits humains ou de démocratie, mais parfaitement disponibles pour tous les dictateurs ou les dirigeants se maintenant au pouvoir en coalisant leurs populations contre l’ancienne ‘puissance coloniale’ », font-ils remarquer.
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Ils souligneront que ce mouvement en Afrique subsaharienne « se propage avec des manifestations et des actes anti-français jusque dans les pays réputés proches de nous, comme la Côte d’Ivoire ou le Sénégal. En Afrique du Nord, que de déconvenues là aussi. » Les relations entre la France et l’Algérie ne sont pas aussi au beau fixe. « Le Président Abdelmadjid Tebboune, parvenu au pouvoir dans des conditions difficiles du fait du Hirak, fait souffler le chaud et le froid, parlant parfois de rapprochement et d’une visite officielle (régulièrement déprogrammée) et parfois du ‘Grand Satan’ français responsable de tous les maux du peuple algérien. » Situation similaire en Tunisie. « En Tunisie, l’erratique Président Kaïs Saïed se tourne quant à lui alternativement vers les États-Unis, l’Union européenne, le monde arabe, et de moins en moins vers la France qui n’a plus un rôle privilégié », font savoir les sénateurs français.
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Déplorant qu’ils soient qualifiés « des nostalgiques de Savorgnan de Brazza, de la Françafrique », ces élus français assurent qu’ils ne rêvent pas « de l’Afrique Occidentale Française ou de l’Afrique Équatoriale Française », car « l’ère Foccart est totalement révolue. » Ils disent ne pas comprendre « l’évolution de la politique française en Afrique tant sur le plan militaire, que sur la notion de codéveloppement ou sur la coopération culturelle et linguistique. » Selon eux, « aujourd’hui, la Françafrique d’hier est remplacée par la Russafrique militaire, par la Chinafrique économique ou l’Américafrique diplomatique ». « Et que dire, malheureusement, de la régression de la Francophonie par rapport à la langue anglaise ? », questionnent les sénateurs français.
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Et de demander au président Emmanuel Macron : « n’est-il pas temps de remettre à plat notre vision de l’Afrique et de son lien avec la France ? Vous en avez eu, à plusieurs reprises l’intention… Il en est probablement temps, alors que l’Afrique, continent ami, ne semble plus comprendre la France, et conteste de plus en plus son rôle et sa présence. »