RME : un mal du pays controversé

6 août 2002 - 18h13 - Maroc - Ecrit par :

Le mois d’août affiche une forte présence de nos ressortissants marocains vivant à l’étranger. Ils profitent du farniente et de la chaleur familiale. Du côté des jeunes, l’enthousiasme est parfois beaucoup moindre.

Samir a 23 ans, il habite la banlieue parisienne. Il n’est pas rentré au Maroc depuis 3 ans. Il refuse désormais de suivre ses parents. Ses raisons sont nombreuses : « mon dernier été passé au Maroc m’a dégoûté. Un jour je me baladais à pied avec des copains et un flic nous a arrêté sous prétexte que nous portions des bermudas et que cela ne se faisait pas au Maroc. Quand nous avons refusé de payer une amende de 200 DH, il nous a embarqués au poste de police où un commissaire véreux nous a reproché de ne pas parler correctement l’arabe. Tout pour nous soutirer de l’argent et nous humilier ! »

L’exemple de Samir n’est pas le seul. L’arrestation arbitraire des policiers semble être monnaie courante parmi les Marocains résidant à l’étranger surtout quand leur voiture n’a rien d’un vieux tacot. Un autre son de cloche revient aussi souvent chez les jeunes : celui d’un accueil hôtelier souvent anachronique.

Rédouane,25 ans, explique : « L’an dernier j’ai voulu présenter mon pays d’origine à ma copine française avec laquelle je vis à Paris. A la réception de l’hôtel alors que nous voulions prendre la même chambre, ils nous ont demandé nos papiers de mariage. Dans la rue, c’était la même chose. Nous nous sommes faits arrêter plusieurs fois par la police car nous étions main dans la main. Dans de telles conditions, je préfère encore voyager à Cuba ou au Portugal où les vacances reviennent moins chères et surtout où nous ne nous faisons pas embêter pour des histoires de paperasse inutile. »

La révolte chez les jeunes gronde. Ils refusent désormais de se faire importuner dans les rues ou encore de se faire traiter de devises.

Leyla 20 ans proteste : « Chaque été, c’est la même chose. A chaque fois que nous retournons au pays chez notre famille dans les environs de Fès, j’ai l’impression que tout le monde nous considère comme une pompe à fric ! Sous prétexte que nous vivons à l’étranger nous devenons subvenir aux besoins des membres de notre famille restés au bled. Souvent, nous nous faisons traiter dans la rue de « devises ». C’est lourd ! »

Les protestations sont nombreuses mais la nostalgie aussi. Rédouane, 22 ans, ne peut pas s’empêcher de rêver : « Je zappe de plus en plus mes vacances au bled. Je rêve cependant de pouvoir épouser une marocaine de mon pays aux cheveux blonds et aux yeux bleus. »

Le mythe du retour tend à s’estomper mais l’attache viscérale qui les relie à leur pays d’origine demeure aussi vivace. Reste aux autorités du pays à continuer leurs campagnes de sensibilisation afin que les RME puissent se sentir de plus en plus eux chez eux. Pour cela de nombreux efforts restent à faire.

Abla Ababou pour menara

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration - Jeunesse - Opération Marhaba - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Données bancaires des MRE : Le Maroc négocie avec l’OCDE

Le Maroc est en pourparlers avec l’UE en vue d’une application harmonieuse du traité OCDE/G20 sur l’échange automatique des données bancaires à des fins fiscales.

Vers une meilleure protection des biens immobiliers des MRE au Maroc ?

Le groupe haraki à la Chambre des représentants œuvre pour le renforcement de la protection des biens des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Le Maroc s’attend à un retour massif de MRE

Le Maroc règle les derniers détails pour l’accueil des Marocains résidant à l’étranger (MRE) dans le cadre de l’Opération Marhaba 2024. Cette année, les préparatifs ont démarré plus tôt que prévu, la célébration de l’Aïd al-adha oblige.

Aide au logement : Un vrai succès chez les MRE

Fatima Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, confirme l’intérêt des Marocains résidant à l’étranger (MRE) pour le nouveau programme d’aide directe au logement.

Agression de MRE en Europe : le parlement marocain interpellé

Un parlementaire du parti de l’Istiqlal vient d’appeler Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération africaine, à agir pour combattre les attaques racistes répétées ciblant les Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Chaos à Tanger Ville : Un seul ferry et des heures d’attente

Le port de Tanger Ville connait une congestion maritime sans précédent ces derniers jours, en raison d’une pénurie de navires de transport maritime entre Tanger Ville et Tarifa en Espagne.

Tourisme au Maroc : une baisse de recettes qui inquiète

Alors que les arrivées pourraient atteindre 15,5 millions de voyageurs en 2024, soit un million de plus qu’en 2023, les recettes touristiques devraient poursuivre leur tendance à la baisse notée depuis 8 mois pour s’établir à 100 milliards de dirhams...

Les MRE pas près de voter

Interpellé par un groupe parlementaire sur le droit des Marocains résidant à l’étranger (MRE) à participer aux élections au Maroc, Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur a répondu sans détour.

MRE : des milliards envoyés au Maroc !

Les transferts d’argent effectués par les Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent non seulement de façon significative au PIB du Maroc, mais elles représentent aussi une véritable soupape de sécurité pour les familles.

Les transferts des MRE menacés : l’Europe suscite l’inquiétude des banques marocaines

Les banques marocaines présentes en Europe sont confrontées à de nouveaux défis avec la mise en vigueur annoncée d’une directive européenne visant à mettre fin aux transferts de fonds des étrangers vers leurs pays d’origine, dont les Marocains de la...