45 % des Marocains se considèrent comme pauvres. C’est ce qui ressort d’une enquête réalisée courant 2012-2019, par l’Observatoire national du développement humain (ONDH) qui a publié ce chiffre dans son dernier rapport sur la « dynamique de la pauvreté » au Maroc. Cet indice ne prend pas en compte l’épidémie de Covid-19 qui a frappé le pays, et met probablement l’accent sur les émotions.
Il s’agit d’une « pauvreté subjective » rassure l’observatoire qui précise dans le quotidien que c’est un pourcentage des chefs de ménages qui se considèrent en situation de pauvreté et qui varie nettement entre le monde rural et le milieu urbain.
En effet, A la question de savoir « dans quel niveau social classez-vous votre ménage en comparaison avec ce qui règne dans votre environnement social : est-ce parmi les très riches, les relativement riches, les moyens, les relativement pauvres ou les très pauvres ? » « Seulement » 38,6 % des Marocains en milieu urbain se considèrent comme pauvres, contre 58,4 % en milieu rural.
Curieusement, lorsque la courbe de pauvreté réelle descend (en termes de revenu), la courbe de pauvreté subjective monte. Les statistiques montrent que le Maroc contrôle la pauvreté absolue. Mais l’instabilité, la peur du lendemain et les inégalités sont toujours très présentes. Le royaume est le pays le plus inégalitaire d’Afrique du Nord.
Partant de là, le Maroc est appelé à adopter des stratégies de ciblage individuel dans le cadre des programmes de lutte contre la pauvreté pour mieux la cerner afin de bien la combattre. En réalité, la lutte contre la pauvreté au Maroc implique de la mesurer et d’en analyser les causes pour proposer des politiques adéquates et ciblées. En effet, la pauvreté demeure un phénomène très complexe, rendant nécessaire le recours aux approches dites « longitudinales ». Ainsi, il est nécessaire, par exemple, d’analyser les trajectoires individuelles, en l’occurrence l’entrée et la sortie de la pauvreté.
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Le déclassement est déjà géographique, car le Maroc de la « ville » et le Maroc de la « campagne » continue de se creuser. La pauvreté frappe la plupart des gens dans les zones rurales où près de 60 % de la population se considère pauvre. En ville, le taux tombe à 40 %. Ce sentiment continue de croître dans les zones rurales, mais stagne dans les zones urbaines.
Ainsi, vivre dans un quartier abandonné accentue le sentiment de pauvreté. Par conséquent, le manque d’infrastructures telles que l’accès à l’eau potable, l’assainissement et les voies de communication pointe fortement vers certaines zones, notamment dans la partie est ou sud du pays. A Zagora en 2017 « Signes de soif », les habitants réclamaient un meilleur service pour l’accès à l’eau potable, indique le document.
Le régime fiscal impose également la plupart des impôts à la classe moyenne. La moitié de la population ne paie pas d’impôt sur le revenu parce que ses revenus sont trop faibles ou en raison de l’économie informelle. Les entreprises participent rarement aux efforts nationaux. 82 % des recettes de l’impôt sur les sociétés proviennent de seulement 2 % des entreprises. Il y a aussi une taxe foncière qui est quasi inexistante, précise la même source
Mais tout n’est pas perdu. En se fiant aux résultats de l’étude réalisée par l’ONDH, dont les conclusions ont été présentées, le 8 juin, dans le cadre d’un webinaire, il ressort qu’un individu pauvre a plus de chance de sortir de la pauvreté que de le rester (55,7 % contre 43,3 %) et qu’un individu non pauvre a plus de chance de rester non pauvre (86,3 %) que de tomber en pauvreté (13,7 %). Plus encore, les risques d’entrée dans la pauvreté sont particulièrement liés à des situations de non-emploi, à la faiblesse du niveau éducatif ou encore à la composition démographique du ménage, conclut le rapport.