«  Aussi riche que le roi  » ou les formes de domination à l’œuvre au Maroc

5 juillet 2021 - 22h00 - Culture - Ecrit par : S.A

La Marocaine Abigail Assor a publié son premier roman intitulé : « Aussi riche que le roi ». Elle dénonce les inégalités au Maroc, les formes de domination, notamment celles des riches sur les pauvres, des hommes sur les femmes, des colonisateurs sur les colonisés, etc.

Dans son roman, l’auteure marocaine de 30 ans a mis en scène une anti-héroïne, Sarah, « Française de 16 ans, égarée dans un bidonville de Casablanca auprès d’une mère qui se prostitue », fait savoir Ouest France. Son souhait, c’est de se mettre en relation avec un garçon pour sortir de sa situation de précarité. Le choix est fait : Driss, héritier d’une famille d’industriels, laid, mais supposé être « aussi riche que le roi ». « Sarah fait ce qu’elle peut au sein du système. Elle n’a pas les ressources psychologiques, ni de classe pour penser qu’elle s’en sortira par les études. Cela n’est pas dans son horizon mental, elle n’a pas le privilège d’être féministe. Même si elle l’est un peu, par le regard qu’elle porte sur les garçons », résume Abigail Assor.

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La romancière dénonce les profondes inégalités au Maroc. Une manière pour elle de ne plus se sentir, notamment coupable d’être née dans la bourgeoisie, la fille d’industriels de Casablanca. « J’ai grandi dans une usine de pneus ! Je fais partie de milieux socio-culturellement élevés, assez bourgeois mais qui n’ont pas un fort bagage culturel », raconte-t-elle. Abigail Assor est issue d’une famille juive. « Mais la vraie scission n’est pas entre juifs et musulmans. Elle est entre riches et pauvres. Je n’ai jamais trouvé la situation normale. Au Maroc, vous avez de très belles maisons et deux rues plus loin, des bidonvilles. Les rapports aux domestiques sont d’une grande violence », fait-elle savoir.

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Cette Marocaine résidant à Paris évoque également le poids de la colonisation sur le Maroc. « Cet héritage est ambivalent. Beaucoup de Marocains ont le sentiment d’être inférieurs. Ce n’est pas sain de survaloriser l’Occident. À la fois victimes du passé et attirés par la France, ils sont pris dans un conflit de loyauté. » Selon Abigail Assor, le rêve de la France règne sur le Maroc. « Pas les Français. Beaucoup viennent en pensant gagner plus d’argent, mais il y a de nombreuses arnaques. Ni les lois ni la justice ne protègent, c’est à celui qui connaît le mieux le juge. La valeur suprême, c’est l’argent. »

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