« Un fonctionnaire du consulat m’a menacé avec un cutter : ils font tout pour me pousser à la faute et se débarrasser de moi » dénonce le gardien du consulat du Maroc à Lyon. « Certainement pas, rétorque le consul général, Mohamed Bentaja. C’est lui, le concierge, qui a menacé des personnels de notre administration avec un sabre médiéval ! » « Jamais de la vie ! » jure l’intéressé.
Ambiance à couteaux tirés rue Carry, (Lyon 3e) où siège la représentation diplomatique du royaume chérifien. Gardien des locaux depuis 18 ans, et en arrêt-maladie depuis six mois, Abdellah Mamad, un Marocain de 47ans, a entamé hier matin une grève de la faim « illimitée » sous les fenêtres du bâtiment officiel pour dénoncer les « pressions morales et professionnelles » dont il dit faire l’objet de la part de son employeur. Au passage, l’agent réclame pas moins de 492.000 euros pour « des heures supplémentaires non payées tout au long de sa carrière » et le « préjudice subi ».
« J’ai une promesse écrite de titularisation comme fonctionnaire par le ministère marocain des Affaires étrangères depuis 2000. Elle n’a jamais été tenue ! Ils veulent maintenant me faire signer un nouveau contrat qui me fait perdre des jours de congés. On me propose d’augmenter de 332 euros mon salaire qui est actuellement de 838 euros. Ce n’est pas suffisant et j’ai peur qu’ils me fassent quitter ma loge, ce qui m’obligerait à payer un loyer alors que j’ai une femme au chômage, et trois enfants scolarisés. Ils pourraient ne plus avoir besoin de moi car un système de vidéosurveillance a été mis en place il y a six mois devant le consulat ».
« Il n’est pas question de le licencier, ni de lui faire évacuer sa loge et il n’aura plus que du nettoyage à faire, répond Mohamed Bentaja. Cet homme-là se prend pour le maître des lieux. Nous avons tout tenté pour trouver un accord, il ne veut rien entendre. Sa grève de la faim est une insulte au Maroc. » « Le consulat n’a jamais voulu négocier le salaire correct auquel mon client a droit » affirme l’avocate d’Abdellah Mamad, Me Najet Smida, qui a adressé un courrier de protestation aux autorités françaises et marocaines. « Nous restons ouverts à la discussion. Mon client n’a pas demandé de saisir la justice marocaine ».
Source : Le Progrès de Lyon - Nicolas Ballet