Aujourd’hui, il semble que l’activité retrouve son rythme normal, les pilotes ayant repris les commandes des avions. A noter qu’une cellule de crise a été installée conjointement par l’Office national des aéroports (ONDA) et la RAM. A l’Office, on affirme qu’il y a assez de personnel mobilisé afin de faire face à cette crise.
Pour les clients de la compagnie, cet incident n’est pas passé sans désagréments. Ces derniers ont déversé leur colère sur les agences de voyages. « Les clients ne connaissent que les agences qui les ont embarqués sur les vols de la RAM. Généralement, quand il y a un incident de ce genre, nous devons aviser nos clients et prendre les mesures adéquates. Or, le manque d’information nous met les bâtons dans les roues », explique Rachid Barmaki, secrétaire général de l’Association des agences de voyages de Casablanca. En effet, en cas d’annulation de vol, les agences de voyages sont tenues d’indemniser leurs clients en attendant le règlement du transporteur.
Le montant des indemnisations et des pertes ne sera connu qu’à la fin de cette semaine. A rappeler aussi que la RAM a engagé une enquête pour déterminer les causes réelles de cet incident. Une enquête mal accueillie par le corps des pilotes. Ces derniers craignent des pressions. « Notamment de travailler indépendamment de leur état de santé, ce qui est préjudiciable à la sécurité des vols », estime Najib Ibrahimi, membre de l’Association marocaine des pilotes de ligne.
« Selon les normes internationales, on considère qu’il y a défaillance des pilotes lorsque le nombre des absents atteint les 7%. Mais les chiffres avancés par la compagnie (20 pilotes) indiquent que cette défaillance n’est que de 5%. Autrement dit, la compagnie doit toujours prendre en considération cette éventualité dans sa programmation des vols », poursuit Ibrahimi.
L’association reproche à la compagnie le gel de l’école des pilotes pendant des années, ce qui a eu des répercussions sur les ressources humaines. Ce manque, selon l’association, a même poussé la RAM à recruter des pilotes étrangers (une quarantaine environ).
Un autre problème oppose le transporteur national à son personnel navigant. « La RAM accorde très peu de congés à ses pilotes. Ce comportement a été maintes fois dénoncé en vain. Elle a aussi interdit les arrangements mutuels entre pilotes, qui leur permettaient de se faire remplacer (à l’initiative du pilote concerné), en cas de fatigue ou de maladie, par un autre collègue, sans être obligés de présenter un certificat médical », ajoute Ibrahimi.
D’après l’association, les pilotes vivent ces dernières années l’institutionnalisation du travail en heures supplémentaires (ces heures sont doublement rémunérées). Les émoluments prennent en considération également les frais de déplacement, leur nature (vols de nuit)... « Cela constitue 30% de nos salaires. Soit plus de 6% de ce qui est pratiqué dans les low cost (24%). Mais ceci n’est pas sans incidence sur la santé du pilote et, du coup, sur la sécurité des passagers » affirme Ibrahimi.
Source : L’Economiste - Jalal Baazi