Cet appel a été lancé mardi par la fondation Muslim Rights Watch Nederland (MRWN) et un Néerlandais arrêté et détenu en Espagne après des accusations de terrorisme, lors d’un procès contre l’État néerlandais. L’organisation musulmane avait déposé une plainte pour négligence contre l’État néerlandais qu’elle a accusé de n’avoir pris aucune mesure pour obtenir sa libération. Alors qu’il était en partance vers le Maroc, ce Néerlandais d’origine marocaine a été arrêté par les autorités espagnoles dans un hôtel à Valencia. Il est soupçonné d’appartenir à un groupe djihadiste à Arnhem, où il a grandi. L’homme s’est retrouvé injustement sur une liste de suspects potentiels de terrorisme, une liste que les autorités néerlandaises avaient transmise à Interpol il y a plusieurs années. Cette action faisait suite au départ d’environ 300 Néerlandais pour la Syrie pour rejoindre des groupes djihadistes, lequel avait poussé les Pays-Bas à s’investir dans la lutte contre la radicalisation.
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« Mon client ne sait pas quelles données ont été partagées sur lui et par qui. Il exige que les Pays-Bas fassent tout pour le retirer de toutes les listes, afin qu’il puisse voyager tranquillement, comme les autres citoyens de l’UE. Et ce, le plus rapidement possible », a déclaré Samira Sabir, l’avocate de Tariq mardi au tribunal de La Haye. Son client perd confiance en l’État néerlandais : « Je me sens toujours emprisonné. Je veux que la vérité éclate. » Début 2023, le ministre de la Justice, Dilan Yesilgoz, avait fait savoir que les Pays-Bas avaient effectivement transmis des listes sur lesquelles figurent des dizaines de Néerlandais d’origines diverses à l’Union européenne et à Interpol. Soulignant qu’aucun soupçon concret n’a été formulé à leur encontre, elle a déclaré que ces personnes devaient prendre elles-mêmes des mesures pour être retirées de ces listes. « Comment se fait-il que l’Espagne ait toutes sortes d’informations sur des événements qui se sont produits sur le sol néerlandais et que les Pays-Bas disent qu’ils ne peuvent rien faire ? C’est le chaos !", s’exclame Samira Sabir.
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Outre le retrait de Néerlandais sur la liste des terroristes, la fondation MRWN demande également qu’un interlocuteur ou un guichet unique soit mis en place au sein du gouvernement où d’autres victimes puissent obtenir plus d’informations. Cette mesure permettra, selon l’organisation musulmane, d’éviter que davantage de personnes ne soient soudainement incarcérées à l’étranger. Actuellement, il faut s’adresser à plusieurs organisations, comme la police, pour demander l’accès aux informations. « Et ces demandes sont alors refusées en raison du secret. » La police et le ministère public ont déjà établi que Tariq n’a jamais été signalé aux Pays-Bas, assure l’avocate Marianne Hirsch Ballin, représentant l’État néerlandais, ajoutant que « trois registres différents ont été consultés, y compris la liste de signalement de la police. »
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De son côté, l’Espagne aurait indiqué que l’arrestation du MRE n’est pas basée sur des informations en provenance des Pays-Bas, « ce qui limite l’action de l’État néerlandais. » Selon Hirsch Ballin, un interlocuteur fixe pour d’autres victimes n’est pas nécessaire : « Les demandes d’accès sont déjà traitées. » Pas de quoi rassurer l’avocate de Tariq. Elle affirme qu’il reste beaucoup d’incertitudes. « Car les registres mentionnés n’ont aucun lien avec les informations du service de renseignement AIVD, qui restent secrètes. Nous ne savons pas ce qu’ils ont partagé », ajoute Samira Sabir.