Ahmed Marcouch est inquiet. Son fils l’est également. L’enfant est terrifié à l’idée que sa famille doive quitter les Pays-Bas, le Parti de la Liberté de Geert Wilders, connu pour son message anti-immigration et ses insultes contre les Marocains résidant dans le pays. « C’était déchirant », a déclaré au journal britannique The Guardian Marcouch. Le maire d’origine marocaine d’Arnhem (une ville de près de 170 000 habitants dont les nationalités couvrent plus de 100 pays) a dû réconforter son fils de huit ans. Pour l’édile, la percée du PVV aux dernières élections est un signe inquiétant de la profondeur avec laquelle la politique avait viré au domaine personnel. « C’est le fils du maire. Et il a peur que le gouvernement – ce parti – les exclue de cette société », a-t-il dit.
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Le PVV est le parti qui a obtenu le plus de voix dans la province de Gueldre, où se trouve Arnhem. Cette victoire s’explique par les promesses faites aux électeurs par le parti. Il s’agit du rejet de toutes les nouvelles demandes d’asile, l’interdiction du voile islamique dans les bâtiments publics, l’expulsion des criminels binationaux, etc. Selon Marcouch, la percée du PVV peut se justifier aussi par l’incapacité des partis et institutions traditionnels à régler les problèmes tels que la flambée des prix du logement et la cherté de la vie, ce qui provoqué des frustrations au sein de la population. « Depuis 40 ans, ils entendent des promesses. Votez pour moi et votre vie deviendra meilleure. Mais ils n’ont constaté aucun changement dans leur situation. Cette réalité a ouvert la voie à Wilders, » a analysé l’élu.
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De nombreux membres de la communauté musulmane figurent parmi ceux qui sont encore sous le choc des résultats. « Je comprends vraiment le choc d’une victoire d’un parti qui humilie systématiquement les musulmans depuis des décennies, qui veut interdire les mosquées, le Coran et veut priver les musulmans de leurs droits fondamentaux », a déclaré Marcouch. Aujourd’hui, la société néerlandaise fait face à une crise sociale. « La société néerlandaise est l’une des plus riches au monde. Mais tous les citoyens ne bénéficient pas de cette richesse », assure le MRE. Pour étayer son argumentation, il évoque le manque de logements abordables. « Nous sommes confrontés à une crise sociale, comme nous avons une crise climatique ou une crise énergétique », a déclaré celui qui est arrivé aux Pays-Bas à l’âge de 10 ans, avant de faire remarquer que ce n’est pas à cause des immigrants ou des réfugiés.
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Plutôt de la mauvaise gestion des politiciens et des choix politiques. « Nous devons faire face à la colère », a-t-il ajouté. D’ores et déjà, le maire a organisé un dialogue quelques jours après les élections pour permettre aux habitants de partager leurs points de vue. « Pour moi, en ce moment, il est très important de connecter les gens, de les amener à lutter contre cette polarisation négative », a-t-il indiqué.