Karim Chnani, de sans-papiers à commissaire aux comptes
Arrivé en France en 2002, Karim Chnani, sans papiers, a réussi à se frayer un chemin jusqu’à devenir un commissaire aux comptes à Limoges. Un parcours de vie inspirant.
Appie el Massaoudi
Lorsqu’il déambulait dans le Schilderswijk à La Haye (Pays-Bas), le Marocain Appie el Massaoudi était loin de s’imaginer que quelques années plus tard, il deviendrait un entrepreneur à succès, sollicité par tous, même par les plus grandes personnalités du pays.
Âgé aujourd’hui de 33 ans, Appie el Massaoudi est venu du Maroc avec ses parents, alors qu’il n’avait que 12 ans. Fils d’un ouvrier ayant 7 enfants, la vie n’a pas été facile pour le jeune qui est passé par de nombreuses expériences difficiles avant de reprendre sa vie en main, décidé à avoir un destin bien plus éclatant que celui de ses parents.
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Aujourd’hui, Appie el Massaoudi est devenu un entrepreneur à succès et serait même très proche de Mark Rutte, Premier ministre des Pays-Bas. Le garçon déambulant dans les rues est devenu l’une des personnalités les plus importantes du marché de La Haye, le plus grand des Pays-Bas. Avec ses employés, ils font en sorte de le garder propre pour le compte de la municipalité.
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En plus de ses obligations dans le marché de La Haye, Appie el Massaoudi loue des tables pliantes aux entrepreneurs et distribue annuellement des colis alimentaires aux clients de la banque alimentaire, en collaboration avec d’autres entrepreneurs. Il est sollicité par tous, qu’ils soient journalistes, politiciens ou entrepreneurs. « J’ai toujours eu un faible pour les marchés. Quand je vivais au Maroc, j’allais toujours au marché avec ma grand-mère. Une fois, je lui ai demandé quelques dirhams pour acheter de la limonade. Mais au lieu de la limonade, j’ai acheté des sacs en plastique que j’ai revendus aux visiteurs et aux vendeurs sur place. Ma grand-mère m’a attendu plus de deux heures. Mais, j’avais gagné 40 dirhams avec ces sacs », raconte El Massaoudi dans De Ondernemer.
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Son premier emploi était avec Willem van der Zand à La Haye. « Il m’a beaucoup appris et façonné. Willem était dur et émotif. J’ai appris de lui ce qu’est le travail. » El Massaoudi confie qu’il partait travailler à cinq heures et demie du matin, avant d’aller à l’école et ensuite il revenait travailler au marché dans l’après-midi. Aujourd’hui, il pense que tous ces sacrifices ont payé. « Maintenant, je peux acheter tout ce que je veux. Je rattrape un peu tout ce que j’avais manqué ces années-là », dit-il.
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Toutefois, il sait qu’il est passé à côté de la vie de cadre bardé de diplômes que ses parents voulaient pour lui. « Le statut était très important à cette époque et travailler sur le marché était très mal vu ». Sa passion pour le marché faisait l’objet de disputes avec ses parents. Mais il a poursuivi sa voie, confiant qu’au bout se trouvait ce dont il avait toujours rêvé. « Qui suis-je, ai-je souvent pensé. Suis-je un Marocain ou ce Néerlandais ? . C’était toute une recherche. Je n’arrivais pas à trouver une bonne réponse ».
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El Massaoudi se rappelle comment les disputes avec ses parents ont complètement changé sa vie, le forçant à faire des choix qui ont eu de nombreuses conséquences difficiles. « Je cherchais de l’attention, je pense. Si vous n’obtenez pas cela à la maison, vous sortez pour le chercher. Je ne blâme pas mes parents, au fait, parce qu’ils ne savaient pas mieux ». La dureté de la vie dans la rue lui fera commettre des erreurs. Pour une bagarre, il a été incarcéré durant 30 jours. « Cela m’a en fait sauvé. Je me suis rendu compte que je n’étais pas fait pour cet endroit. J’ai pleuré tous les jours. C’était un moment très dur de ma vie ».
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C’est la raison pour laquelle, El Massaoudi entend aider d’autres jeunes à ne pas commettre les mêmes erreurs que lui. « Parce que j’ai remarqué que ces garçons n’étaient pas compris. Il y a souvent tellement de tristesse, mais ils ne peuvent pas l’exprimer ».
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Débordant d’énergie et de motivations, l’entrepreneur marocain possède désormais des locaux commerciaux à proximité du marché. Il possède également plusieurs véhicules et emploie des dizaines de jeunes. « Nous recevons maintenant beaucoup de commandes, même de Rotterdam et nous nous nous sommes forgé une solide réputation au cours des huit dernières années », a-t-il déclaré, fier de ce qu’il a pu accomplir.
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