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"Le film Much loved est une insulte envers Marrakech et les femmes de la ville ocre en particulier, en raison des scènes de nudité et d’érotisme contenues dans ce film, réalisé par Nabil Ayouch", estime l’association marocaine de défense du citoyen dans une plainte déposée auprès du procureur général du tribunal de première instance de Marrakech.
L’association demande l’ouverture d’une enquête sur l’actrice principale du film Loubna Abidar et son réalisateur Nabil Ayouch à propos des obscénités et au langage ordurier utilisés dans "Zine Lifik" (la beauté qui est en toi), titre marocain de ce long métrage.
Le parquet général du tribunal de première instance de Marrakech vient d’ordonner l’ouverture d’une enquête concernant les accusations de l’association marocaine de défense du citoyen.
"Les scènes du film diffusées sur YouTube sont une incitation claire à la débauche et encouragent la prostitution et le gain d’argent de cette manière avec les arabes du Golfe, ajouté à cela le langage ordurier des actrices (prostituées dans le film), qui ont un impact négatif sur les adolescentes et les familles marocaines en général", explique l’association.
La plainte a déjà été confiée à la police pour investigation. L’association considère que ce qui a été dit et fait dans ce film sont une violation de l’article 483 du code pénal condamnant d’un mois à deux ans de prison toute personne portant « atteinte à la pudeur dans un lieu public ».
Le long métrage fait polémique au Maroc, où la société civile, dans sa majorité, appelle à son boycott, considérant que ce film ne représente pas la réalité de la société marocaine, mais reflète plutôt la personnalité de ceux qui en sont les auteurs et qui font la promotion de valeurs immorales.
Le film est condamné même au sein du milieu artistique marocain où l’on considère que Nabil Ayouch ne traite que superficiellement et d’un point de vue érotique le problème de la prostitution au Maroc, le côté artistique et humain étant complètement absents du film.
Parmi les commentaires que nous pouvons lire sur Facebook sur une page qui a attiré près de 10.000 fans en moins de trois jours, "les Marocains sont ouverts mais sont également très conservateurs et attachés à leur religion et à leurs valeurs ancestrales. (...) Les idées véhiculées dans le film ne représentent en rien la société marocaine, mais peut-être que le réalisateur parle de ses propres expériences personnelles ou de son milieu...".
"Ce qui ressort de ce film, c’est que Nabil Ayouch ne connaît pas le Maroc. La prostitution n’est pas un taboue dans le pays. Tout le monde en parle. Plusieurs militants et organisations viennent même en aide à ces femmes sans toutefois porter atteinte à leur dignité et à l’image du Maroc".
Pour parler de prostitution, on n’est pas obligé d’en venir là, écrit un autre internaute. "Le film est érotique et commercial, cela saute aux yeux, pourquoi se voiler la face ?"
Une Marocaine a été jusqu’à faire appel au roi Mohammed VI pour "stopper cette mascarade qui mérite une colère royale" selon elle. Un militant, pourtant très ouvert d’esprit, fait remarquer que "si la modernité c’est l’appel à la débauche publique, alors je préfère que l’on soit traité d’arriérés...".
Des citoyens se sont même portés volontaires pour payer des avocats afin d’engager des poursuites judiciaires contre Nabil Ayouch. La majorité des commentaires sont contre la promotion de ce genre de cinéma.
"Zin li fik" est arrivé jusqu’aux mosquées, où il a fait l’objet de leçons de morale lors de la prière du vendredi. Un Imam de Salé très connu pour ses prêches modérés, s’est demandé si le film de Ayouch est ce qu’on appelle de l’art. Le prêcheur ajoute : " vous allez nous qualifier de rétrogrades et incultes Monsieur Ayouch, car nous ne comprenons pas votre art. Vous nous direz c’est juste du cinéma,(...). En tout cas vous avez transmis tout le message de votre art..., et vous laisserez votre empreinte".
En France, le quotidien Le Monde titre très ironiquement : "Nabil Ayouch dévoile ses prostituées sur la Croisette". Si le journal s’est montré clément envers le réalisateur, la presse française n’est pas unanime quant à la valeur morale et culturelle de ce film sur la prostitution et non les prostituées, précise Ayouch.
Même à Cannes, où le film a été présenté dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs "devant un parterre de retraités", plusieurs critiques ont jugé que le nouveau long métrage de Nabil Ayouch n’a aucune valeur artistique, c’est tout simplement un film érotique.
Mais le réalisateur franco-marocain qui semble insensible à la polémique suscitée par son film, affirme qu’il fera tout pour que "Much loved" sorte dans les salles de cinéma au Maroc.
Vendredi, les autorités de Marrakech ont annoncé la fermeture du cabaret où a été tourné "Zine li fik". Selon des sources locales, cette mesure n’aurait rien à voir avec le film de Ayouch. Les scènes auraient été tournées dans une villa privée et non dans cette boîte de nuit, Nabil Ayouch n’aurait exploité que l’entrée du club de nuit pour montrer les acteurs sortant du cabaret.
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