Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.
Le 10 octobre, lors d’une visite de Jacques Chirac au Maroc, le roi Mohammed VI a annoncé son intention de modifier le code de la famille et d’accorder davantage de liberté aux femmes musulmanes. Pour Jamila Bahij, la présidente de l’association mantaise Femmes 2000, cette réforme constitue un espoir pour toutes les femmes des quartiers.
Depuis 1991, Jamila Bahij anime Femmes 2000 à Mantes, une association qui soutient les femmes mais aussi les hommes en difficulté dans les quartiers difficiles, au Val-Fourré, aux Mureaux ou ailleurs. Pour les 250 adhérents et sympathisants de cette structure, la récente déclaration de Mohammed VI constitue un jalon d’importance dans l’histoire sociale du Maroc (lire plus bas).
« Nous sommes vraiment contents de voir bientôt abroger l’ancien code de la famille, commentait Jamila Bahij samedi, au local de l’association rue Marie Laurencin. La réforme va donner plus de liberté aux femmes marocaines, et ouvrir d’avantage d’opportunités à celles qui vivent dans les quartiers. C’est un beau symbole d’avoir fait cette annonce lors de la visite de Jacques Chirac. Cela prouve que la France a apporté son soutien. D’ailleurs le Maroc ne pourra pas entrer dans l’Europe à moins qu’on ne continue d’évoluer dans ce sens-là ».
Une dégradation en France
L’association Femme 2000 se bat depuis le début des années 90 contre les répudiations, les mariages forcés, l’imposition du voile. « C’est une erreur de reproduire les conditions de vie du village quand on vit dans un autre environnement, explique Jamila Bahij. Paradoxalement, aujourd’hui, en France, chez les Maghrébins de la troisième génération, on assiste à une dégradation des libertés individuelles. Je reçois de plus en plus de jeunes filles éduquées que les pères retraités essaient de contraindre au mariage ou au port du voile. J’ai l’impression qu’ils essaient de faire appliquer les traditions parce qu’ils n’ont plus rien d’autre à faire ».
Vers une égalité des droits et des devoirs
Le code de la famille marocain actuellement en vigueur date de 1957. Un nouveau texte devrait être voté d’ici la fin de l’année. Le projet prévoit l’égalité des droits et des devoirs entre les deux époux. La famille sera placée « sous l’autorité conjointe de l’homme et de la femme ». La polygamie est toujours autorisée, mais si strictement encadrée qu’elle ne survivra qu’assez rarement dans la pratique. La répudiation ne sera plus appliquée que sur décision de justice. Les femmes n’ont plus besoin de l’autorisation du père ou d’un frère pour se marier. L’âge du mariage des filles s’aligne sur celui des garçons et passe de 15 à 18 ans.
Sourcer : Courrier de Mnates
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