Pour atteindre l’objectif visé, il aurait fallu réduire annuellement de 5,5% le taux de mortalité entre 1990 et 2015, ce qui semble extrêmement difficile à rattraper. Les pays en développement restent de loin les plus touchés par la mortalité des femmes en maternité. Le taux de mortalité maternelle en 2005 pour les pays en développement était de 450 pour 100 000 naissances contre 9 pour 100.000 en moyenne dans les pays développés. Sur les 536 000 décès en maternité enregistrés en 2005, 533 000, soit 99% sont intervenus dans les pays en développement. Si des progrès ont été réalisés dans les pays à revenus moyens, le recul annuel entre 1990 et 2005 en Afrique subsaharienne n’a été que de 0,1%.
La moitié de tous les décès maternels,soit 270 000 ont lieu en Afrique.
Au Maroc, le taux de mortalité maternelle est estimé à 227 pour 100 000 naissances, selon les résultats de l’enquête sur la population et la santé familiale 2003-2004 publiée par le ministère de la Santé. Cependant, ce taux est variable selon le lieu de résidence. Il est de 267 pour 100.000 naissances en milieu rural contre 187 en milieu urbain. Ce chiffre reflète l’absence de structures d’accueil adéquates et du personnel pouvant prendre en charge les femmes en couches dans le milieu rural et notamment dans les régions enclavées.
La mortalité et la morbidité maternelle constituent l’une des priorités du ministère de la Santé. Et pour cause « deux à trois femmes meurent chaque jour dans notre pays », affirme un responsable du ministère de la Santé. Le Maroc intensifie les efforts pour reculer la mortalité maternelle, en élaborant et en menant des plans d’action nationaux pour une maternité sans risque. Le programme d’évaluation des besoins relatifs à la maternité sans risque a été mis en place par le ministère de la Santé publique en collaboration avec l’OMS dans le but de garantir une bonne démarche d’élaboration et de mise en œuvre pour une maternité dans de bonnes conditions. Cette stratégie se base sur le développement des ressources humaines, l’élargissement des prestations sanitaires ayant trait à la mère, à l’enfant et à la planification familiale, l’amélioration des infrastructures de base, l’implication du secteur privé en matière de santé maternelle. Plusieurs difficultés entravent encore la réduction du taux de mortalité maternelle au Maroc comme l’insuffisance du budget alloué au programme « maternité sans risques », la faible qualité de prise en charge des soins obstétricaux d’urgence, les pratiques traditionnelles, l’analphabétisme, l’accessibilité géographique et la pauvreté.
Aujourd’hui le Maroc - Leila Zerrour