« C’est vrai que le cheptel national a fait les frais des 7 années successives de sécheresse et de l’inflation insolente qui touche les aliments pour bétail. Mais la filière a pu tout de même sortir la tête de l’eau et amortir l’onde de choc », rassure Abderrahmane Mejdoubi auprès du Matin. Selon ses explications, les mesures de soutien instaurées par l’État en particulier la subvention de l’orge destiné à l’alimentation du bétail ont permis aux éleveurs de recapitaliser leur cheptel, parfois dans la souffrance certes, mais la situation va en s’améliorant. Selon l’ANOC, le processus des naissances a repris depuis octobre et emprunte une courbe ascendante. De quoi permettre de reconstituer le cheptel dans les mois à venir voire consolider l’offre pour le mois du sacrifice.
« Si l’opération d’importation des ovins destinés à l’abattage, autorisée par l’État avec une exonération de la TVA et des droits de douane, se poursuit de manière relativement intense sur les 2 à 3 prochains mois et qu’on atteigne ainsi un million de têtes, le cheptel national devrait permettre de couvrir la demande pendant la fête de l’Aid Al-Adha », est persuadé Mejdoubi, faisant savoir que bon nombre d’importateurs ont d’ores et déjà procédé à des commandes d’ovins à l’étranger en perspective de la fête du sacrifice. En d’autres termes, la machine de préparation pour l’Aid Al-Adha roule comme il faut et il est « imprudent » voire « irresponsable » de véhiculer des informations erronées sur l’état de la filière nationale, a-t-il ajouté.
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Aux yeux de l’opérateur, une décision d’annulation par l’État de l’Aid Al-Adha serait très préjudiciable pour la filière ovine. « Une annulation potentielle de l’Aid Al-Adha pourrait probablement impacter à la baisse les prix de viandes ovines sur le marché du fait que les éleveurs vont devoir écouler leurs élevages de manière précoces. Mais la filière ne pourra jamais renaître de ses cendres suite à une telle décision. Les faillites d’éleveurs se feront par milliers et exacerberont du coup le phénomène de l’exode rural. L’élevage ovin et caprin est un secteur stratégique aussi bien sur le plan économique que social, puisqu’il fait vivre pratiquement 4 millions de personnes », a expliqué le président de l’ANOC.
Quid des statistiques relatives au cheptel national ? L’opération de recensement a été clôturée et les données sont actuellement entre les mains du département de l’Agriculture, assure Mejdoubi. « À l’ANOC, nous ne disposons pas de données nationales sur le cheptel. Nous avons contribué à l’opération de recensement en mobilisant 1 500 agents collecteurs de données. En plus de l’ANOC, ce processus a vu également la participation d’autres institutions et opérateurs. Nous n’avons donc pas une vue d’ensemble. La data collectée est actuellement en traitement chez le département de l’Agriculture, seul habilité à la rendre publique au moment opportun », confie le patron de l’ANOC.
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Actuellement, le ministère travaille à la mise en œuvre d’un programme de soutien aux éleveurs afin de désamorcer la pression sur les coûts de l’élevage. Il n’est pas exclu que l’État subventionne les aliments composés destinés aux ovins et caprins. « Cette mesure serait d’une grande importance pour la filière dans ce sens où elle permettra aux éleveurs de poursuivre plus ou moins sereinement la préparation du cheptel pour l’Aid Al-Adha », soutient Mejdoubi.