« Nous étions avec mes enfants, Aya et Ziad, et eux-mêmes ont tout de suite compris l’impact qu’il pourrait y avoir. Ziad m’a dit : enfin maman, ce serait possible d’obtenir des papiers grâce à son travail », confie à Actu.fr Laïla Aboudya, accueillant « une très bonne nouvelle ». Arrivée en France en 2018 en provenance du Maroc pour fuir son mari qui la maltraitait, cette mère de famille de 45 ans s’est installée à Cherbourg-en-Cotentin, dans la Manche, où ses deux enfants de 11 et 15 ans sont scolarisés. Elle avait reçu une Obligation de quitter le territoire français. Aujourd’hui sa situation a été régularisée, mais la préfecture ne l’a pas toujours autorisée à travailler.
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Laïla assure avoir exercé de nombreux métiers, « toujours en tension » : garder des enfants, travailler dans la restauration, être aide à domicile, s’occuper de personnes âgées. « Mais c’est difficile de travailler sans papiers ! », assure-t-elle. La quadragénaire confie avoir aujourd’hui un contrat avec un employeur « pour être aide à domicile ». Une situation intenable pour cette mère de famille qui fonde ses espoirs sur la future loi sur l’asile et l’immigration.
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« Je suis fatiguée de cette situation. C’est très anxiogène, pour moi, mes enfants. J’en ai marre de faire partie de ces invisibles et je crois que cette loi pourrait nous faire sortir de l’ombre », dit-elle. « C’est très difficile de ne pas se sentir exclue lorsqu’on ne travaille pas, de ne pas être stigmatisée. La situation serait plus stable. C’est simplement une loi d’humanité », ajoute Laïla.
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Le projet de loi immigration sera examiné au parlement début 2023. Son adoption facilitera la vie aux travailleurs sans papiers en France qui sont souvent bafoués dans leur dignité. « Je n’y ai jamais été confrontée, mais bien sûr que certains sont sous-payés, humiliés et ne peuvent rien dire ou faire parce qu’ils sont dans l’illégalité ». Il permettra également de faciliter les recrutements notamment dans les métiers du bâtiment, de la restauration ou l’agriculture. « Ce serait une solution pour tout le monde. Même des agences d’intérim ferment à cause du manque de candidats », assure Laïla.