Une influenceuse droguée et violée lors d’un voyage au Maroc
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En plus d’avoir été brisées physiquement et psychologiquement, les victimes de viol au Maroc, sont susceptibles d’être accusées d’avoir eu une relation sexuelle hors mariage et courent le risque d’être emprisonnées en vertu de l’article 490. C’est donc pour sensibiliser les victimes de viol à s’extérioriser que le cinéaste marocain Nabil Ayouch a produit une websérie animée dénommée #TaAnaMeToo, et dans laquelle des femmes violées livrent des témoignages poignants sur le pire jour de leur vie.
Produite par le studio créatif Jawjab, filiale d’Ali’n Productions fondée par le cinéaste marocain, cette websérie est une première dans le monde arabe.#TaAnaMeToo (moi aussi #meetoo) visent à briser le silence qui entoure les agressions sexuelles. Au Maroc 6,6 % de femmes violées osent porter plainte, alors qu’une femme marocaine sur deux déclare avoir été victime de violences, selon une enquête du ministère de la famille datée de 2019.
#TaAnaMeToo est un ensemble de témoignages livrés par des femmes violées et qui se sont tues pendant des années, sous la pression d’une société apte à juger et à condamner. Les victimes ont décidé, pour la première fois donc, de parler dans #TaAnaMeToo.« J’ai signé mon arrêt de mort le jour où je me suis mariée : le viol conjugal est le pire de tous, car il se produit chaque nuit. Dès que la nuit tombait, j’avais la boule au ventre. J’avais peur. Alors je m’arrangeais pour me coucher très tôt, avant qu’il ne rentre du travail. Mais peine perdue : il me réveillait et me forçait pour avoir des rapports sexuels avec lui », confie une femme dans une des vidéos.
« J’avais 10 ans quand mon frère a commencé à me violer. Et ça a duré pendant plusieurs années », souffle une autre, qui confie avoir tenté d’alerter sa famille sur le calvaire qu’elle endurait. « Ma mère m’a accusée d’avoir tout inventé, explique la jeune femme. Quant à mon père, s’il a commencé par être bouleversé quand je lui ai tout raconté et par parler de porter plainte, il a très vite changé d’avis sur ce qu’il fallait faire. Aujourd’hui, douze ans après, mon frère va se marier, il est passé à autre chose, comme si rien ne s’était jamais produit », rapporte Jeune Afrique
La peur du qu’en dira-t-on est si forte que ces quatre femmes ont accepté de livrer leur histoire, en toute franchise et sans détours, mais à la condition que ce soit sous anonymat. « Au Maroc, il reste encore beaucoup de chemin à faire pour qu’un jour ces témoignages puissent se faire à visage découvert », souligne Youssef Ziraoui, producteur de la websérie, et directeur général de Jawjab. « Il en va d’abord de leur sécurité. Car on ne va pas se voiler la face : la peur de l’opprobre, de la hchouma (honte), est encore très forte. C’est d’ailleurs elle qui pousse de nombreuses victimes et leurs familles à étouffer ces drames, en plus de la difficulté pour elles de prouver qu’elles ont été abusées, la charge de la preuve revenant à la plaignante ».
Plusieurs artistes et dessinateurs marocains ont été mis à contributions pour porter le message de ces femmes. Il s’agit de Meryem Aït Aghnia, Oussama Abbassi, Nass Reda-Fathmi, ou encore Zaïnab Fassiki, connue pour son travail en tant « qu’activiste », comme elle aime à se qualifier, qui combat le patriarcat par le dessin. « Notre vocation, en tant que média, n’est pas tant d’initier un mouvement, mais simplement de donner un maximum de résonance à celles qui ont fait le choix de parler, de faire en sorte qu’elles soient désormais écoutées par la société marocaine », martèle le cinéaste marocain Nabil Ayouch.
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