Quatre personnes auraient été tuées ces derniers jours par des drones marocains au Sahara, selon des médias proches du Polisario.
La nuit porte conseil, dit-on. C’est peut-être pour cette raison que quatre membres de chacune des délégations du Maroc et du Polisario ont été invités par le représentant du secrétaire général des Nations unies à dormir sous le même toit (de la résidence de Manhasset), lundi soir. Ils ont donc dîné ensemble et ont pu de manière officieuse continuer leurs discussions dans une atmosphère « très détendue ». Les autres membres ainsi que les délégations algérienne et mauritanienne avaient repris le chemin de l’hôtel dès la fin du premier round des négociations.
Entamées lundi dernier à Manhasset, dans la banlieue de New York, les négociations à huis clos sur la question du Sahara devaient s’achever, hier mardi en fin de journée et en présence du facilitateur de l’ONU Peter Van Walsum, sur une note d’optimisme. En effet, des sources proches de la délégation marocaine, contactées par L’Economiste, ont rapporté que les deux délégations devaient convenir d’un nouveau rendez-vous pour reprendre leurs négociations.
Les deux parties avaient tenu lundi deux séances de travail. La première a été entamée à 11 heures locales (15 h GMT) en présence des délégations algérienne et mauritanienne. Les membres des délégations prenant part à ce premier round, qui se tient sous l’égide des Nations unies, ont par la suite déjeuné ensemble, autour de la même table, avant de reprendre les discussions à 14 h locales (18 h GMT). Cette deuxième séance des négociations, à laquelle ont pris part seulement les membres des délégations marocaine et du Polisario, a duré quatre heures.
Les deux parties ont toutefois abordé ce rendez-vous avec des approches divergentes. Le Polisario campe sur ses positions puisque ses délégués « s’en tiennent à l’indépendance qui garantirait les intérêts Marocains dans la région », apprend-on. Alors que le Maroc ne cède pas d’un iota sur sa souveraineté mais propose un plan de « large autonomie ».
C’est ainsi que le ministre de l’Intérieur, Chakib Benmoussa, a affirmé que l’initiative marocaine d’autonomie constitue la base des négociations pour un règlement définitif de la question du Sahara, dont elle pose les fondements. Cependant, « l’initiative marocaine n’est pas à prendre ou à laisser », a dit Benmoussa notant qu’à travers cette démarche, le Maroc a apporté la preuve irréfutable de sa bonne volonté.
Le Royaume « a réitéré ainsi sa disposition totale à négocier de bonne foi en vue de parvenir à une solution politique consensuelle et définitive sur la base de la proposition marocaine d’autonomie qui est conforme à la légalité internationale et au principe d’autodétermination ». Elle correspond aussi au projet de société démocratique du Maroc nouveau, ainsi qu’à ses droits historiques et ses liens sacrés avec son Sahara, qui a toujours été l’une des composantes de son identité, a dit Benmoussa. Pour ce dernier, « ce conflit, qui est un résidu de la guerre froide, doit au plus vite trouver sa solution pour s’atteler aux défis du monde d’aujourd’hui en matière de développement économique et social, de respect de la dignité humaine, de sauvegarde de la paix et de lutte contre les dangers terroristes ».
Pour sa part, Khalli Hanna Ould Errachid, président du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), a affirmé que la résolution de la question du Sahara a besoin de réalisme et d’objectivité, car elle doit tenir compte d’une vérité incontournable : les liens historiques profonds entre les habitants de la région avec le Royaume et ses souverains, grâce à la Beiaâ. Il a mis en exergue la « chance historique qu’offre cette rencontre directe entre frères ». « Les nôtres (ndlr : les Sahraouis) veulent une solution et, qu’ils soient dans les camps ou ailleurs, ils savent que cette Initiative est la seule possible », a-t-il souligné. « Nos frères du Polisario ne doivent pas y voir une défaite ou une concession, mais une victoire qui leur permet de réaliser ce pourquoi ils ont milité depuis 32 ans ».
L’ONU hausse le ton
La première journée de négociation a été marquée par l’intervention de Lynn Pascoe au nom du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. « Ce jour marque le début d’une nouvelle phase dans la recherche d’une solution sur le Sahara », a souligné Pascoe. Il a ainsi invité les parties à « procéder de bonne foi et à établir une atmosphère de confiance mutuelle » avant de souligner « le ferme engagement de l’ONU à apporter son soutien aux négociations ». L’impasse est devenue « intolérable et le conflit du Sahara doit arriver à une fin à travers une solution mutuellement acceptable », a-t-il ajouté.
L’Economiste - Jamal Eddine Herradi
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