Maroc : les locataires de logements sociaux pris au piège

28 janvier 2025 - 11h00 - Economie - Ecrit par : S.A

Les services de contrôle interne des banques concernées mènent des enquêtes sur des opérations d’escroquerie liées au système de « rahn » (gage) dans des appartements de logements sociaux.

Tout est parti du constat selon lequel le volume des créances douteuses liées aux prêts immobiliers a connu une augmentation inquiétante. L’examen préliminaire des dossiers de recouvrement, transférés aux départements de gestion des contentieux juridiques et judiciaires (Service Contentieux), a révélé une concentration des cas d’escroquerie dans des zones situées en périphérie de Casablanca, expliquent des sources à
Hespress. Les enquêtes préliminaires menées par les services de contrôle interne des banques concernées s’avèrent fructueuses. Ils ont découvert que les résidents d’appartements de type logement social ont été victimes de propriétaires endettés. Ceux-ci ont conclu des contrats de « rahn » (gage) d’usage courant et ont perçu des montants pouvant atteindre 100 000 dirhams, en plus de loyers mensuels avoisinant en moyenne 1 000 dirhams.

À lire :Immobilier au Maroc : Demande locative en forte hausse, l’offre peine à suivre

Ce système implique que le montant du gage doit être restitué après la fin du contrat, généralement au bout d’un an, ou de le renouveler tout en conservant la somme initiale. Mais il a été constaté que les clients des banques ayant acquis ces appartements à crédit ont rapidement disparu après avoir encaissé les montants du gage. Ils laissent ainsi les « locataires » qui se retrouvent confrontés à des avis de paiement, des procédures de recouvrement, des saisies, et des ventes aux enchères à des stades avancés. Les cas d’escroquerie liés au système de « rahn » concernent des appartements de logements sociaux acquis grâce à l’ancien système de soutien (250 000 dirhams), notamment via les produits « Fogarim » et « Fogaloge », ont confirmé les mêmes sources, faisant remarquer que les propriétaires des appartements, incapables de couvrir les mensualités des prêts immobiliers et de respecter leurs engagements envers les créanciers, ont opté pour ce système.

À lire :Immobilier au Maroc : l’attestation fiscale qui freine les transactions

La demande pour le système de « rahn » de la part de personnes à la recherche d’un logement a augmenté, en raison de l’insuffisance de l’offre en logements sociaux dans la capitale économique et ses environs, ainsi que de la hausse des loyers à des niveaux records, ont encore révélé les enquêtes. Cette situation a d’ailleurs poussé de nombreux locataires à rechercher des moyens de réduire les coûts en optant pour le système de gage. Les services de contrôle interne des banques ont par ailleurs constaté une augmentation des pratiques commerciales impliquant les logements sociaux subventionnés par l’État. Certains clients achètent des appartements pour les louer ou les utiliser comme résidence secondaire, notamment dans des villes de l’intérieur ou sur le littoral, font savoir les mêmes sources, ajoutant qu’ils contournent souvent les règles pour obtenir des certificats administratifs leur permettant de bénéficier de l’exonération fiscale prévue par le gouvernement en matière de TVA.

À lire :Maroc : Un promoteur immobilier arnaque ses clients et prend la fuite

« Après un délai de quatre ans, ces bénéficiaires du soutien au logement font appel à des intermédiaires pour obtenir des certificats de résidence prouvant qu’ils ont occupé les appartements acquis dans le cadre des projets de logements sociaux », ont encore remarqué les mêmes services. Les « acheteurs de ces logements, bénéficiant d’une exonération de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), ne sont pas en principe autorisés à les revendre avant un délai de quatre ans à compter de la date d’acquisition, et ce », après avoir obtenu un certificat de « mainlevée » de la part de l’administration fiscale sur le titre foncier de l’appartement.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Escroquerie - Banques - Immobilier

Aller plus loin

Immobilier au Maroc : Demande locative en forte hausse, l’offre peine à suivre

Au Maroc, le marché immobilier a été marqué par une hausse relative des prix et de la demande entre janvier et juin 2024. L’offre quant à elle, a connu une légère baisse au...

Des pratiques douteuses mettent à mal l’immobilier au Maroc

Au Maroc, des promoteurs immobiliers véreux n’hésitent pas à mettre en danger la vie des citoyens à qui ils vendent des biens immobiliers de tous standings, construits avec des...

Maroc : Un promoteur immobilier arnaque ses clients et prend la fuite

Un promoteur immobilier à El Jadida a escroqué de nombreux clients à qui il a vendu des terrains dont il n’est pas le propriétaire. Ayant pris la fuite, il est activement...

Maroc : un promoteur immobilier escroque ses clients et disparaît

Des dizaines d’habitants d’El Jadida, y compris des personnalités importantes, ont été trompés par un promoteur immobilier malhonnête. Ce dernier a encaissé près de 10 millions...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : quand le rêve de propriété devient inaccessible

Malgré le programme d’aide au logement initié par le gouvernement, de nombreux Marocains éprouvent encore de sérieuses difficultés à acquérir des logements adaptés. Une situation qui soulève des inquiétudes.

L’économie marocaine a-t-elle vraiment profité de l’amnistie fiscale ?

Alors que l’amnistie fiscale visant à régulariser les avoirs liquides non déclarés a entraîné une injection de 60 milliards de dirhams dans le système bancaire marocain, les défis structurels liés à la liquidité bancaire persistent.

Copropriétés au Maroc : les impayés qui ruinent l’immobilier

Au Maroc, la copropriété fait face à de graves difficultés, notamment le non-paiement des cotisations. De quoi impacter négativement le secteur de l’immobilier marocain.

L’inclusion des MRE à l’aide au logement passe mal

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) peuvent bénéficier de l’aide directe au logement au même titre que les Marocains résidant au Maroc, ce qui n’est pas du goût de bon nombre d’internautes. Certains d’entre eux n’hésitent pas à appeler à...

Maroc : les crédits "Halal" dopent l’immobilier

Les crédits immobiliers “Halal” accordés aux ménages marocains ont connu une hausse considérable, atteignant 23,1 milliards de dirhams à fin juin contre 20,3 milliards de dirhams à la même période de l’année précédente, indique Bank Al-Maghrib dans une...

Maroc : l’aide à l’achat de logement bientôt effective

Le ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lekjaa, a annoncé la mise en place prochaine d’un dispositif d’aides directes au logement pour les primo-acquéreurs.

Une classe moyenne marocaine en plein essor, vraiment ?

Au Maroc, les ventes de voitures ont connu une forte augmentation au cours de la dernière décennie, passant de 111 000 unités en 2011 à plus de 161 000 unités en 2023 par an, soit une progression d’environ 45 %. La même tendance est notée en ce qui...

L’Europe veut bloquer les transferts des MRE

L’Union européenne veut mettre fin au transfert de fonds des Marocains résidant en Europe vers leur pays d’origine via les banques marocaines présentes sur le continent.

Le Maroc veut séduire les MRE avec un programme logement sur mesure

Le ministère de l’Aménagement du territoire national a lancé une vaste campagne d’information à l’intention des Marocains du monde. Intitulée « L’Urbanisme et l’Habitat au service des Marocains du Monde », cette initiative vise à faciliter l’accès des...

Maroc : les MRE font grimper les ventes immobilières

Les transactions immobilières sont en hausse au Maroc en ce début d’été, avec la forte demande des Marocains résidant à l’étranger (MRE) et notamment en Europe, qui affluent vers le royaume pour y passer leurs vacances.