Une action d’étiquetage a été lancée le vendredi 2 juin 2023 par les producteurs de tomates d’Ille-et-Vilaine et la FDSEA 35, pour dénoncer les tomates importées du Maroc.
En dépit de la crise internationale, le Maroc poursuit son développement économique. C’est en tout cas le message qu’il veut faire passer. Lundi 12 janvier, les responsables de l’Office chérifien des phosphates (OCP) et de la Banque centrale populaire (BCP) ont annoncé qu’ils s’engageaient dans un partenariat stratégique à travers une prise de participation croisée. Une première dans le secteur public au Maroc. Mais c’était surtout l’occasion pour l’OCP d’affirmer sa volonté de renforcer sa position de leader mondial des phosphates.
Premier exportateur de ce minerai indispensable à la fabrication des engrais, le royaume dispose de réserves colossales : plus de 50 % des ressources connues de la planète. Les phosphates ont le vent en poupe. Le Maroc le sait et mise sur le fait que les besoins ne cesseront de croître. La sécurité alimentaire continuera de reposer sur l’utilisation des engrais chimiques, estime-t-il. En 2007 et 2008, l’industrie phosphatière a eu du mal à répondre à la demande internationale. Résultat : une envolée des prix. La tonne de phosphate marocain est passée de 40 à 250 dollars.
Pour rester dans la course face à des pays potentiellement concurrents comme l’Arabie saoudite, le royaume se lance dans la diversification. Aux investisseurs étrangers susceptibles de venir fabriquer sur place leurs produits phosphatés, il propose terrain viabilisé, installations, main-d’oeuvre qualifiée, approvisionnement en minerai et en produits intermédiaires, le tout dans le respect de l’environnement.
"Les plus compétitifs"
Le site de Jorf Lasfar (à 200 kilomètres au sud de Rabat, non loin d’El Jadida) est au coeur de cette nouvelle stratégie. Le Maroc souhaite en faire la première plate-forme chimique mondiale, un véritable hub planétaire en matière de phosphates. Pour l’heure, Jorf Phosphate Hub (JPH) est un site étonnant où s’entrechoquent le XXe et le XXIe siècle. Sur les 1800 hectares mis à disposition, seuls 450 sont déjà occupés par des investisseurs étrangers (pakistanais et brésiliens, notamment).
D’un côté, des étendues d’herbes folles où paissent des vaches et des moutons. De l’autre, un enchevêtrement de conduits, de tuyaux, de poutres métalliques, de réservoirs en acier rutilant... Ici, un atelier de production d’acide phosphorique. Là, une unité de stockage d’ammoniaque ou de soufre (importés du Moyen-Orient). Trois cents mètres plus loin, et c’est une centrale électrique ou un laboratoire...
Entre l’ouverture de nouvelles mines de phosphate, la construction de deux pipelines, d’une usine de dessalement d’eau de mer, et l’extension du port de Jorf Lasfar, les investissements devraient s’élever à 4,5 milliards d’euros d’ici à 2012, et 11 milliards d’ici à 2020.
Le pari n’est-il pas trop risqué ? Le directeur général de l’OCP, Mostafa Terrab, et ses adjoints affichent une parfaite sérénité. "Peu importe que le cours baisse sur le marché mondial. Au contraire ! assurent-ils. Avec un phosphate d’excellente qualité, des ressources en quantité et des mines à proximité (ce qui diminue les coûts d’exploitation), nous sommes certains de rester les plus compétitifs."
Source : Le Monde - Florence Beaugé
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